Chronique

Adrien Varachaud Quartet

Time to see the light

Adrien Varachaud (ss), Kirk Lightsey (p), Daryl Hall (b), Famoudou Don Moyé (dm).

Label / Distribution : Jazz Family

Deuxième album en tant que leader pour Adrien Varachaud, trop discret saxophoniste strasbourgeois. Il a convaincu des afro-américains aux carrières hexagonales confirmées de le rejoindre dans un répertoire essentiellement patrimonial, rendant justice aux relégués de l’American way of life. Cette conscience des origines ségréguées du jazz se déploie dès le premier titre, « Witchi Tai To », une composition du saxophoniste Jim Pepper, qui disait tenir cette mélodie, issue d’un chant comanche sur le pouvoir sacré de l’eau, de son grand-père.

L’album est placé sous le signe de ces rituels revendiquant la dignité des exclus. La résonnance profondément spirituelle de la batterie et des percussions de Famoudou Don Moyé offre un soubassement idéal à ce programme et forme un assemblage revendicatif authentique avec la contrebasse, tenue ici avec douceur et puissance par un Daryl Hall décidément trop rare ces temps-ci, s’assemblant avec force poésie au jeu de piano furtif et élégant de Kirk Ligthsey. Quant au chant d’Archie Shepp, présent sur deux titres, il est bouleversant de profondeur. Le leader, lui, est d’une pertinence artistique sans faille, déployant des phrases longues au saxophone soprano, qui font passer le message d’ensemble avec une grande douceur, avec des accents d’une spiritualité shorterienne. Des titres live complètent ce panorama contemporain d’un « jazz conscient », plus que jamais essentiel.