Chronique

Alain Debiossat

Valse & Attrape

Alain Debiossat (sax, fl, g), D. Imbert (b), S. Edouard (perc), C. Egea (tp), P. Sery (congas), D. Ithursarry (acc), J.-P. Como (synth), L. Winsberg (g), J.-Ch. Kely (kabosy, voc), O. Temime (sax), L. Suarez (acc), M. Pascaud (g), J.-M. Périssat (dms), M. Alibo (elb), R. Lacaille (acc).

Label / Distribution : Futur Acoustic

Entre la Vienne, l’Amérique et l’Afrique : ainsi pourrait-on résumer le parcours chamarré que nous propose Alain Debiossat avec Valse & Attrape, sa première réalisation en solo. Encore faudrait-il fortement nuancer ce dernier mot, finalement peu adéquat tant l’entourage du saxophoniste de Sixun a fière allure et s’apparenterait plutôt à un big band de luxe rythmique.

On retrouve en effet autour du noyau dur de cet album – Diego Imbert à la contrebasse, impeccable comme toujours et Stéphane Edouard, le percussionniste de Sixun – le groupe fétiche au grand complet : Paco Séry, Jean-Pierre Como, Louis Winsberg et Michel Alibo sont là ; un Sixun [1] dont les couleurs déjà bien épanouies trouvent ici de précieux compléments par la présence d’Olivier Temime, de Claude Egéa et d’une triplette d’accordéonistes particulièrement en verve : Didier Ithursarry, Lionel Suarez et René Lacaille, joyeux artificiers qui communiquent volontiers une irrépressible fièvre musette. Et puisque nous en sommes aux présentations, mentionnons le Malgache Jean-Charles Kely, le guitariste Matthis Pascaud et le batteur Jean-Marc Périssat, en saluant leur talent. Donc, une joyeuse brochette de complices qui insuffle à ce Valse & Attrape sa réjouissante verve mélodique.

De toute évidence, Debiossat a nourri son disque d’un plaisir qu’il avait bien l’intention de partager ensuite. Mission accomplie ! Le disque regorge de ces petits bonheurs communicatifs qui sont depuis longtemps sa marque de fabrique [2]. Une musique du cœur, pétrie d’impressions d’Afrique (« Sommeil de l’ange » ou « Terres Bleues »), voire d’Inde (l’introduction de « Phase »), bercée de valses nostalgiques (« Vignane » [3] et « La Joliette ») ou de pulsions plus jazz (« Troubadour Blues », « Gala de prestige ») : Alain Debiossat joue la carte de la sincérité chaleureuse et fait la fête à ses amours de toujours en toute humilité. L’esbroufe n’est pas de mise, la virtuosité reste malicieusement cachée derrière le masque du sourire dans cette fusion des genres. Par-dessus tout, Valse & Attrape ne fait jamais « collage » hétéroclite de diverses influences. L’artiste se comporte ici en véritable peintre des sons, dont les arrangements mélangent les couleurs et font varier les perspectives. Et puis autant le rappeler : son saxophone – surtout soprano – est toujours un enchantement.

Il faudrait avoir l’esprit chagrin pour se refuser ce beau moment de métissage harmonieux, ne pas voir que brassage est synonyme d’enrichissement. Debiossat a bien raison de nous en donner une nouvelle démonstration, accessible et lyrique.

par Denis Desassis // Publié le 9 mai 2011

[1Dont on réécoutera avec profit le Live In Marciac publié en 2010.

[2On lui pardonnera donc le kitsch de ce digipack rouge feu – ah, ce saxophone levé à bout de bras vers le ciel, dont le bocal émet un drôle de feu d’artifice, projection de cotillons floraux !

[3Nom de la Vienne en patois.