Alessio Zoratto

Un premier album est plus qu’une carte de visite, c’est le condensé de nombreuses idées longuement mûries. Originaire du Frioul, le contrebassiste Alessio Zoratto a composé dix pièces musicales inspirées par les courants picturaux du XX^e siècle. Des œuvres numériques ornent le somptueux livret, elles sont dédiées à chacune des compositions et générées grâce à l’intelligence artificielle par l’artiste Giacomo Urban.

Et le jazz dans tout ça ? Comme ne le suggère pas forcément « This Is Not Jazz », il demeure bien le vecteur principal de Canvas Melodies, avec les musiciens expérimentés que sont Manu Codjia, Paul Wiltgen et Javier Girotto mais également par l’inventivité des deux jeunes Italiens. Alessio Zoratto fait chanter sa contrebasse avec maestria, « Dreamin’ A Dream » et « Drippin’ Memories » montrent la facilité avec laquelle il expose ses idées musicales, sans cesse novatrices. Formé à bonne école par David Friedman et Dave Samuels, Giovanni Perin crée des contrastes brillants, ses mailloches rebondissent sur les syncopes de la section rythmique. La musique s’oriente quelquefois dans les configurations du jazz-rock naissant : « Creative Dance » rapellee l’album Duster, en 1967, où Larry Coryell damait le pion à Gary Burton.

Le Luxembourgeois Paul Wiltgen est comme à l’habitude inspiré, toujours prompt à anticiper les interventions solistes, dont celles de Manu Codjia qui passe aisément d’un langage stylistique à l’autre, comme on l’entend dans « What Is This For You » et « Basquiat ». Un contraste de couleurs s’impose avec « Landscape », animé par la flûte et le saxophone soprano de Javier Girotto, où les tensions dynamiques procurent un bel équilibre entre la mélodie et la vitalité rythmique.

Résolument tourné vers l’excellence, Canvas Melodies est traversé par une liberté expressive qui préfigure de nouvelles conceptions thématiques portées par l’imagination fertile d’Alessio Zoratto.