Chronique

Amina Mezaache & Maracuja

Vortex

Amina Mezaache (fl, comp), Yoan Fernandez (g), Fabien Debellefontaine (sousa, fl), Jonathan Edo (perc) + Simon Deslandes (tp, flh), Florent Sepchat (acc) Edgar Sekloka (voc).

Label / Distribution : Auto Productions

On avait aimé, il y a maintenant huit ans, entrer dans le monde très coloré et l’imaginarium de Maracuja et de sa flûtiste Amina Mezaache. Avec Vortex, le quartet nous replonge dans la chaleur des tropiques avec la même destination en vue, le Brésil. Maracuja n’a guère changé, même si le guitariste n’est plus le même (c’est désormais Yoan Fernandez qui officie). L’orchestre par ailleurs s’étend avec des invités, notamment l’accordéoniste Florent Sepchat qui illumine « Pixingando », le morceau d’ouverture de l’album. Le Brésil de Mezaache et Maracuja est fortement créolisé par toutes sortes d’influences, qu’on retrouve notamment dans « Yiriba » qui marche plutôt fièrement à l’est sur les routes de la soie, la flûte sonnant parfois comme un ney aux frontières des balkans.

Mais très vite, dans ce morceau comme ailleurs, c’est le sousaphone de Fabien Debellefontaine, un habitué du dernier ONJ et de Ping Machine qui remet le cap sur le Brésil, bien appuyé en cela par son compagnon de la base rythmique, Jonathan Edo. On tressaute à l’écoute de Vortex ; on danse, on se dandine et c’est difficile de ne pas y résister. Avec le très beau « Chorocatu », où sousaphone et flûte semblent lutter de front, la scansion comme la guitare mutine rend immédiatement guilleret. La présence du trompettiste Simon Deslandes est également déterminante. Tout est léger et certainement sans importance, sauf les raisons du cœur… Cette musique est un instant de paix qui donne le goût de la bataille. En témoigne « Sirocco », beau morceau où le rappeur Edgar Sekloka vient poser son air de révolte. Sans conteste le sommet de l’album où Edo brille particulièrement.

Le soleil a toujours rendez-vous avec la musique de Maracuja, notamment dans le très beau « HP » qui clôt l’album comme un clin d’œil. Amina Mezaache le dit, l’un de ses principales inspirations, c’est Hermeto Pascoal, dont la voix samplée parsème le morceau. Mais on entend son influence également sur « 6 bémols », hommage au groove d’embouchure de Debellefontaine et aux rythmes impairs, le ferment de ce vortex.

par Franpi Barriaux // Publié le 8 juillet 2024
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