Anja Lauvdal

Ce solo de la pianiste, claviériste et compositrice norvégienne Anja Lauvdal vient couronner une année de travail et de participations à diverses formations, puis un confinement et un isolement lié à la pandémie. Aussi, lorsqu’elle le peut enfin, en 2021, Anja Lauvdal se décide à enregistrer sa propre musique, sur un disque vinyle, un solo. Pour ce faire, elle entretient une correspondance musicale avec la productrice électro berlinoise Laurel Halo avec laquelle elle échange des fichiers son et interagit sur les pistes enregistrées. Ce solo est presque un duo, dans le fond. Les dix morceaux sont autant de plongées en apnée dans des univers très oniriques et suspendus que la pianiste habite et incarne. Il semble qu’aucun son n’ait été laissé au hasard, que chaque petit cliquetis ou craquement a été travaillé, désiré, formé par la musicienne.
D’une couleur très électronique, la musique proposée ici garde néanmoins toute la chaleur de l’improvisation jazz. En choisissant de s’inspirer de la pianiste Agathe Backer Grøndahl (une musicienne norvégienne du XIXe siècle qui, parce que femme, n’est pas passée à la postérité), Anja Lauvdal fait aussi œuvre politique.
Il y a comme un halo de texture sonore qui enrobe chaque morceau, une toile de fond sur laquelle la compositrice projette le film de sa musique. Parfois quelques battements sourds viennent rythmer par saccades les nappes sonores. Aérien et évanescent, ce disque est une réussite magnifique.
Il faut aussi saluer le travail du producteur Joakim Haugland, de Smalltown Supersound, un label proche de ses artistes et qui sort également le duo Anja Lauvdal / Joakim Haibø.