Anja Lechner François Couturier

Deuxième disque en commun pour François Couturier (piano) et Anja Lechner (violoncelle) qui donnent une suite à Moderato Cantabile paru en 2014. Si sur ce précédent ouvrage, les compositions de Komitas et Federico Mompou donnaient la part belle à une intériorité lumineuse, le propos se voile quelque peu sur Lontano.

L’approche chambriste les entraîne naturellement vers une complémentarité des timbres et leur expérience commune (ils sont également membres du Tarkovski Quartet que dirige le pianiste) leur permet de gagner une confiance supplémentaire dans les moyens mis en œuvre. Aucune surenchère pourtant : le duo se contente de peu pour exprimer beaucoup et cette essentialisation du discours dessine une ligne claire. Elle invite à une émotion juste et directe aussitôt engagée sur le plan du sensible.

Le répertoire joue, une nouvelle fois, d’un équilibre fragile aux frontières volontairement floues entre des partitions classiques et des pièces personnelles. Les compositions de Henri Dutilleux, Alfonso Ramírez, Giya Kancheli ou encore Anouar Brahem ont pour point commun un lyrisme sobre mais ne sont pas cependant que de simples interprétations.

Bien au contraire, elles jalonnent un parcours construit et offrent des temps de respiration ou de suspens aux parties plus libres. Ces dernières, en effet, s’aventurent vers des contrées abstraites qui creusent sans violence une mélancolie âpre. Au fil du disque, une balade flexueuse se dessine, un diorama de rêveries subtilement nuancées auxquelles la délicatesse cristalline du piano et la plénitude du violoncelle donnent une idéale incarnation.