Annick Tangorra, Alain Jean-Marie

Entre le time alizéen du vénérable pianiste Alain-Jean Marie et la voix mezzo-soprano d’Annick Tangorra, elle-même rompue aux musiques créoles par ses collaborations avec Mario Canonge notamment, les relectures de standards proposées ici ne peuvent qu’être chavirantes. Sur « I Cover the Waterfront », on sent les effluves marines, on visualise les vagues océanes sur les rivages caraïbes. « All Or Nothing At All » ? Plus chaloupé, tu meurs. Quant à l’indéboulonnable “Body and Soul”, l’arrangement proposé par le pianiste en fait vaciller les harmonies au point d’en restituer la substantifique moelle : la chanteuse n’a plus qu’à cueillir les pétales d’émotion qui jaillissent du clavier, pour en faire un superbe bouquet. Les trois compositions du duo n’ont pas à rougir de leur qualité, tellement elles sont pétries de la même matière que les standards interprétés : l’éternité des sentiments les plus purs, avec ce zeste de mélancolie qui fait le suc d’un répertoire issu, pour l’essentiel, des comédies musicales « on Broadway ». Un duo gagnant-gagnant donc. Comment pourrait-il en être autrement ?