Chronique

Antoinette Trio & Denis Badault

Rhizomes

Julie Audouin (fl), Tony Leite (g, vx), Arnaud Rouanet (cl, vx), Denis Badault (p)

Cinq ans après une première production discographique où l’on découvrait un univers syncrétique ensoleillé, Antoinette Trio revient avec un nouveau répertoire entièrement consacré aux compositions du Brésilien Egberto Gismonti. Installés dans le sud de la France, les membres de ce trio se situent à la croisée des chemins : le classique pour la flûtiste Julie Audouin, les musiques populaires traditionnelles pour le guitariste Tony Leite et le jazz pour Arnaud Rouanet. À ce triangle il faut désormais ajouter un quatrième membre qui œuvrait jusqu’alors en coulisses. Denis Badault, pianiste, compositeur, ancien directeur de l’O.N.J., a été jusqu’à présent l’arrangeur de leurs morceaux et le voici aujourd’hui invité en tant qu’instrumentiste.

L’univers chantant et chaloupé est toujours là. Comme support idéal, les compositions de Gismonti en sont bien évidemment à l’origine. D’une grande sensibilité et d’un lyrisme à la fois enjoué et mélancolique, elles éveillent des humeurs changeantes en laissant s’écouler un propos que rien ne heurte.

La formation ne s’arrête pourtant pas à une réinterprétation polie d’un répertoire. Les arrangements sensibles mettent en exergue des fêlures et tensions qui, dans la lumière de certains titres, n’en prennent que plus de valeur. Surtout, les interventions des instrumentistes sont le moyen d’écouter d’authentiques sensibilités et des identités originales. Flûte légère, guitare gracile, clarinette changeante, inquiétante ou insouciante, et un piano maître d’un bagage complet : le trio augmenté se mélange jusqu’à la danse dans un enthousiasme communicatif.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 28 février 2021
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