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Edition du 23 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Archie Shepp sur France Culture

Communiqué :

Sur les Docks
Coordination de Pierre Chevalier
du lundi au vendredi de 16h à 17h

  • vendredi 1er février, 16h-17h
    « Le matin des Noirs : portrait d’Archie Shepp »
    par Alexandre Breton
    Réalisation : Guillaume Baldy

L’œuvre d’Archie Shepp est acte de mémoire. L’art, ici, a cette exigence. L’improvisation, qui décide de la forme de l’idiome, singularisé, se double d’une inscription dans le tissu d’une mémoire collective, celle de l’événement fondateur de l’histoire des Africains-Américains : la déportation, l’esclavage, la discrimination. Cette mémoire, portée par le blues, Archie Shepp en est le passeur autant que le témoin. « We – We are the victims », chante-t-il dans son poème rappé-hurlé Mama Rose/Revolution. L’œuvre, vocale ou instrumentale, littéraire ou musicale, est combat, cri, feu, feulement, lave, salve ; elle est l’expression vivante d’une histoire forclose, ici vivifiée, sans cesse réactualisée. Elle s’inscrit du côté des Noirs, c’est-à-dire des victimes – c’est-à-dire des laissés-pour-compte de l’Histoire, des sans-voix, sans-visages, sans-papiers. La résistance est à ce prix. Solidaire, portée intégralement par un souffle libertaire, elle puise dans toutes les ressources offertes par les divers domaines de l’art – démarche renouant là avec la tradition africaine de la correspondance des arts. Se tissant ainsi en de multiples collaborations (sculpture, danse, poésie, dessin, etc.), elle s’élabore toujours à partir de cet axe d’un refus de la répétition, du ressassement, du cadre imposé. Hors-cadre, la scène devient dès lors le lieu d’une mise en abyme de la dimension politique d’un engagement collectif, qui depuis plus de quarante ans, porte l’œuvre d’Archie Shepp. Ce portrait d’un homme est donc aussi celui d’une communauté, ouverte. « Je est un nous », dit l’adage africain.

Avec :

Archie Shepp : musicien, poète, comédien, dramaturge ;
Francis Marmande : critique (Jazzman, Les Cahiers du Cinéma & Le Monde), écrivain & professeur de Littérature (Université Paris-VII) ;
Bernard Lubat : musicien, poète, fondateur du Festival d’Uzeste ;
Mina Agossi : compositrice-interprète ;
Frank Cassenti : cinéaste, metteur en scène ;
Hamé : compositeur-interprète (membre du collectif hip-hop La Rumeur) ;
Alain Kirili : sculpteur ; Daoud-David Williams : musicien, percussioniste (membre fondateur du Spirit of Life Ensemble)

Sur les docks, rendez-vous quotidien créé il y a un an, a déjà diffusé 260 émissions dont 185 documentaires inédits. En 2007-2008, l’émission développe sa politique d’inédits et élargit son spectre d’investigation en s’attachant aussi bien à des faits de société qu’à de grandes problématiques transnationales.

Comment rendre compte du réel, capter la multiplicité et les métamorphoses incessantes d’une façon vivante et diversifiée ? Sur les docks essaie, à sa façon, de dégager des composantes et caractéristiques du réel contemporain avec des cycles thématiques sur une semaine et de nouvelles expressions radiophoniques programmées chaque vendredi sous le titre « Champ libre ». Enfin, Sur les docks initie des collections comme « 2050 », « Passeurs de réel », « Les insulaires » et « Voyages en Europe » (Russie, Portugal, Espagne, Grèce…).