Chronique

Ari Hoenig Gaël Horellou Quartet

Live

Ari Hoenig (dm), Gaël Horellou (as), Etienne Déconfin (p), Viktor Nyberg (b)

Label / Distribution : Naths Rcds

Quelques instantanés de l’un des combos de post-bop les plus jouissifs de notre époque, enregistrés live dans des clubs « provinciaux ». Entre le jeu orchestral du batteur new-yorkais Ari Hoenig et la verve possédée du saxophoniste Gaël Horellou, le jazz se démultiplie dans des dimensions cachées.
Ces deux compères en rythmes et mélodies esquissent des motifs paradoxaux, ancrés dans le patrimoine des tensions produites par le bop, et simultanément en quête d’un ailleurs spirituel. A la tendresse acide du saxophone s’adjoint la délicatesse symphonique de la batterie : autant d’oxymores qui confinent à la transe. Set compositions (quatre d’Horellou dont le poignant « Nathanaël » en hommage à son fils et son emblématique funk « L’Albatros », trois de Hoenig, dont un « Lyric » sur lequel son solo ouvre des perceptions sans fin), qui tiennent plus que la route grâce à un pianiste débordant de poésie -Etienne Déconfin- et un contrebassiste au jeu solide et soyeux -Viktor Nyberg.
Le jeu collectif développe des multivers, entre surgissements rythmiques et phrasés convoquant pentatoniques (ces gammes faussement simples qui pimentent le jazz en parlant immédiatement aux audiences) et altérations harmoniques (la batterie pourvoyant ici nombre de couleurs surprenantes, ouvrant des pistes aux saveurs insoupçonnées).
En se projetant ainsi dans plusieurs dimensions du jazz, ce quartet semble dépassé par les univers sonores créés, nous transportant dans des limbes poétiques à la sensualité exacerbée.