Chronique

Art Konik

Vendetta Society

Art Konik, Smadj, Bobby Few, Jeff Sicard…

Label / Distribution : Comet Records

A l’heure où certains musiciens de jazz aventurés dans la jungle électronique font demi-tour - par
peur ? par prudence ? par opportunisme ?- d’autres, moins médiatisés continuent d’avancer et
proposent toujours de nouvelles lectures. Art Konik sans qu’on puisse affirmer qu’il est un « 
musicien de jazz » semble cependant avoir compris et intégré dans son langage un certain
nombre de concepts jazz. Notamment le swing et l’improvisation. De plus, il propose une
alternative à l’équation « beat binaire + riffs de cymables + chorus intrumental = électro-jazz ».
Ecoutons-le.
Finger met en scène, comme pour exacerber la force aérienne des mélodies du pianiste Bobby
Few, une quantité de sons épars et résonnants, en utilisant au maximum les effets techniques de
profondeur. Même procédé sur Mingpark, plus binaire, mais tout aussi coloré de sons, bruitages
et collages urbains et quotidiens – et rapides. La Miche évoque le souvenir d’un Miles revenu
d’entre les morts pour jammer avec un Monk électronique et évasif dans un squat berlinois. On
retrouve ici l’univers de Smadj (dans Equilibriste). PVC expose les secrets rythmiques africains les
mieux gardés, mais fait sacrément penser à Truffaz, qui s’inspirait des Last Poets. La palette
sonore s’élargit encore, avec la voix et la guitare et le travail de montage est remarquable,
puisqu’il superpose une quantité croissante de sons sans en annuler leur présence. Tout comme
New York, efficace et urbain et Clap, où de nouveau le oud électrifié de Smadj, associé aux palmas
renoue avec l’héritage arabo-andalou, en 2002, s’il vous plaît ! Plus loin avec Vendetta Society, ce
sont les sons aérés et proprement sales du multi-instrumentiste Jeff Sicard qui viennent s’emmêler
aux béquilles bancales d’une rythmique minimaliste. Clarinettes amplifiée, flûtes, sax, tout l’attirail
de Sicard y passe et repasse en rerecording. Pour finir, un double morceau, évoque de lointaines
contrées et convoque notre imaginaire. Art Konik, sait éviter le fatidique et sempiternel
boom-boom pour signifier le sens électronique de sa création. Il sait aussi s’entourer, notamment
de l’excellent Smadj et de quelques musiciens de jazz, preuve de sa sensibilité musicale.