Chronique

Arthur Teboul - Baptiste Trotignon

Piano voix

Baptiste Trotignon (p), Arthur Teboul (voc).

Label / Distribution : Tôt ou Tard

Il n’y a ni orage dans l’air ni eau dans le gaz entre le jazz et la chanson française. Guillaume de Chassy ne dira pas le contraire, lui qui, après avoir rendu un vibrant hommage à la chanteuse Barbara, vient de célébrer dans la joie Trénet en passant. Baptiste Trotignon appartenant au cercle des musiciens aux influences multiples sans a priori stylistique (et dont les premières notes jouées au piano furent celles de « Comme un avion sans ailes », une chanson de Charlélie Couture), on n’est guère surpris de le retrouver en duo avec Arthur Teboul, poète, voix et auteur du groupe Feu ! Chatterton dont on sait la capacité à faire danser des mots nourris de nombreuses références littéraires dans un registre au spectre large pouvant s’étirer jusqu’aux rivages du rock ou de l’électro.

Enregistré au mois de décembre 2023 à la Seine Musicale, Piano Voix séduit par son approche humble et un minimalisme formel mettant à l’honneur quelques grandes voix de la chanson : Gainsbourg, Brassens, Barbara, Bashung, Nino Ferrer, Jacques Brel, Jacques Higelin, Brigitte Fontaine…, sans oublier la musique anglo-saxonne faisant ici l’objet de deux très convaincantes adaptations en français signées Teboul : John Lennon et son « Jealous Guy », Radiohead et « Weird Fishes ». Çà et là, une improvisation au piano ou à la voix (celle d’Arthur Teboul avec son timbre éraillé étant reconnaissable entre mille) vient nous rappeler l’idiome jazz sous-jacent, mais toujours avec discrétion, sans effets de manches ni vocalises superflues. L’entente semble parfaite entre ces deux musiciens dont la rencontre avait été provoquée par Jean-Philippe Allard, récemment disparu.

Une heure de musique s’écoule dans un climat serein et intime que l’on devine né d’une réelle complicité. Ne boudons pas ce plaisir.