Avram Fefer Quartet

Saxophoniste américain partenaire régulier du pianiste Bobby Few, Avram Fefer conduit un trio depuis de nombreuses années en compagnie du contrebassiste Eric Revis et du batteur Chad Taylor. Dans sa discographie, deux disques signés chez Not Two Records (Eliyahu en 2011) et Clean Feed (Ritual en 2009) montrent la connivence musicale qui unit ces trois-là. Autour d’une musique fortement charpentée, l’interplay vaut combat de boxe et moyen d’élargir un peu encore une expressivité déjà fortement stimulée.

Sans changer réellement la donne, l’arrivée aujourd’hui du guitariste Marc Ribot repousse encore un peu le degré d’intensité. Autour d’un saxophone massif, à la fois puissant dans son amplitude et d’une chaleur incontestable, la paire rythmique s’évertue à bousculer la moindre phrase en donnant l’impression qu’elle ne se situe pas derrière mais sur la même ligne que le leader. En résulte une puissance incomparable qui ne faiblit pas durant l’intégralité du répertoire. Flanqué d’une guitare qui souligne, ponctue ou dérègle avec l’intelligence qu’on lui connaît, Avram Fefer chante et/ou hurle avec enthousiasme des airs simples et accessibles. Il les restitue à coup d’interventions à fort pouvoir rythmique (notons qu’il a longtemps joué avec Sunny Murray) cimentant un groupe qui atteint immédiatement une dimension organique. Et si Testament n’invente rien, ne propose rien, il érige simplement en étendard la jubilation comme ligne de conduite. C’est déjà beaucoup.