Beirach/Liebman/Tusa/Williams/Roy

Paru en 1974 chez ECM, l’album de Lookout Farm qui réunissait Richie Beirach et Dave Liebman est finalement bien différent de cet instant capté plus d’un an après à l’Onkel Pö’s Carnegie Hall de Hambourg, qui nous a habitués depuis un certain temps à révéler des enregistrements étonnants et volontiers mythiques. Exit la guitare d’Abercrombie et les hommages à Picasso : ils ne sont que cinq sur scène, avec un répertoire inédit et une expression résolument coltranienne. Dès « Naponoch », Liebman se cogne au ténor sur la basse rugueuse et un peu saturée de Frank Tusa, pendant que la batterie de Jeff Williams soutient un Beirach très virulent. On est loin de la joliesse éreintante du studio, et dans le long « The Iguana’s Ritual », l’orchestre jubile, d’autant que les percussions indiennes de Badal Roy viennent apporter une couleur un peu datée mais foncièrement jouissive, tout comme le clavier électrique de Beirach. L’alchimie est fragile, mais perdure presque 50 ans plus tard, comme par magie.