Chronique

Bill Frisell

The Willies

Bill Frisell (g), Dany Barnes (g, banjo, harm, org, b), Keith Lowe (b)

La musique de Bill Frisell donne la mesure du temps qui passe tout en s’ouvrant aux larges espaces. Une musique cinématographique faite de petits récits insolites, sorte de road movie rêvé sans Wim Wenders, ni Thelma et Louise.
Depuis les années 80, le guitariste poursuit une œuvre originale, faite de fausses simplicités et de vraies joies. Une manière propre à lui de résumer des émotions en quelques notes - qu’il dit avoir hérité de Monk, et cette fameuse pédale de volume qui sculpte le son.
Tout l’héritage des musiques américaines y est pleinement assumé. Nous y voilà entièrement immergés avec ce nouvel opus.
Même si Frisell donne toujours plus l’impression d’être là où on l’attend et si The Willies n’échappe pas franchement à cette règle, il est le mieux réussi depuis quelques productions un peu ennuyeuses. Mieux réussi, car plus sincère et moins bâclé.

Les ballades douces-amères succèdent à des morceaux plus contemplatifs et graves où les guitares vibrent doucement. Les distorsions sont toujours autant contrôlées, on sent là un hommage introspectif, penché vers Nashville. Et si les guitares et le banjo rappellent tout ce qu’ils doivent à la country, Frisell est arrivé à fondre ce patrimoine, à le transformer, à tel point qu’on ne distingue pas les morceaux traditionnels des originaux.

Si on aurait aimé quelques coupes plus franches au montage - le film a ses longueurs - le voyage est quand même des plus agréables.