Bozcaada Jazz Festival, un sacré voyage 🇹🇷

Concert sur la plage © Bozcaada Jazz Festival

Et le lieu est plein. Avec plus de 5000 personnes pour les trois soirées de festival, les groupes se succèdent et maintiennent une ambiance festive et très dynamique.
On sent que le festival attire autant pour la musique que pour l’ambiance. D’ailleurs, les tenues des jeunes gens ne trompent pas, on vient passer une soirée chic et faire des selfies. Il s’agit clairement de la jeunesse turque aisée, branchée et très connectée à l’Europe. Sur le site, les sponsors – essentiels au financement du festival dont le budget avoisine les 700 000 € – tiennent les stands les plus en vue à grand renfort de visuels publicitaires.
Mais (et nous le verrons que peu) le festival propose aussi un « Keşif programı » (programme de découverte) qui réunit 5 000 autres personnes autour d’ateliers axés sur la diversité, la connexion et la communauté sous le thème du « mycélium ». Discussions, rencontres, workshops, ateliers de peinture, de récupération, expériences musicales, etc. Le festival s’occupe à s’implanter localement. D’ailleurs les deux programmateurs Murat Sezgi et Çağıl Özdemir – qui ont un pied à Berlin et l’autre à Istanbul – ont également une maison sur l’île.

Esat Ekincioğlu solo © Bozcaada Jazz Festival

Pour fêter le centième anniversaire du traité d’amitié entre la Turquie et les Pays-Bas, le consulat des Pays-Bas et le festival ont organisé une rencontre avec des professionnels du jazz et à cette occasion, nous avons pu entendre un solo de contrebasse d’ Esat Ekincioğlu, musicien turc résident aux Pays-Bas (membre de Kuhn Fu et Ava Trio). Il sait tirer parti de la nature percussive de l’instrument et rajoute des sonnailles à ses chevilles.

Alfa Mist © Bozcaada Jazz Festival

Le programme présente un équilibre entre groupes turcs et internationaux. La musique est binaire, électro, trance, et correspond à cette vague dont l’esthétique musicale tend vers la danse et l’efficacité plutôt que l’expérience aventureuse ou l’interaction sensible. Entre les groupes, les DJ prennent le relais.
Parmi les invités internationaux, quelques hérauts du genre : Alfa Mist (UK), Girls In Airports (DK), Kraak & Smaak (NL) et Léon Phal (FR). Le groupe luxembourgeois de Jérôme Klein s’est permis quelques incursions dans le bizarre et cela a bien fonctionné.
Parmi les musiciens locaux, le pianiste Aydın Esen, figure de proue de la scène turque contemporaine aux accents de fusion ou encore le guitariste Cenk Erdoğan.

Ruines de Troie © Bozcaada Jazz Festival

Venir sur l’île de Bozcaada n’est pas une mince affaire, il faut le reconnaître. C’est pourquoi le festival a demandé à l’office de tourisme turc GoTürkiye d’organiser un voyage de presse pour six journalistes de jazz européens. Au départ d’Istanbul, le long de la mer de Marmara, en traversant le détroit des Dardanelles, l’équipe de GoTürkiye nous a accompagnés et guidés pour une découverte de la région, ses lieux emblématiques, sa gastronomie et sa culture. Toute la partie ouest de l’Anatolie étant tournée vers la mer Égée, elle partage une longue histoire avec la Grèce. Après voir visité la ville de Çanakkale qui fait office de verrou à l’entrée du détroit, ses poteries, ses musées et ses ruelles typiques, notre groupe a eu la chance de visiter le site archéologique de la ville de Troie, guidé par le conservateur Rüstem Aslan en personne. D’autres visites inoubliables comme celles du musée de Troie, d’un domaine viticole, des falaises en face de l’île de Limnos et des délicieux restaurants ont délibérément ravi nos sens.

Bozcaada Jazz Festival, aussi éloigné et isolé qu’il puisse être, est une excellente raison de faire le voyage.