Braxton / Corea / DeJohnette / Metheny / Konitz / Vitous

Le line-up est exceptionnel : Antony Braxton, Lee Konitz, Pat Metheny, Chick Corea, Miroslav Vitous et Jack DeJohnette… Le résultat est inouïe : des interprétations live et libres d’« Impression », « No Greater Love », « All Blues », « Waltz », « Isfahan », « Stella By Starlight », « Round Midnight »…

En 1981, pour fêter le dixième anniversaire du Creative Music Studio, fondé par Karl Berger et Ornette Coleman comme groupe de recherche et de développement musical, DeJohnette organise un festival. En fait, les notes (instructives) de pochette, signées Robert Sweet, précisent que le « Festival de Jazz de Woodstock », comme il a été appelé par la suite, fut avant tout organisé pour collecter des fonds car le C.M.S. était criblé de dettes. La renommée du batteur permit de réunir un plateau exceptionnel qui attira un public relativement nombreux. Pour la petite histoire : en 1984 le C.M.S. réduisit son activité, mais continua d’exister (sans Ornette Coleman) et dispose aujourd’hui d’un site internet.

Revenons au disque, et plus particulièrement à sa pochette : au recto, les vingt vignettes juxtaposées présentent les musiciens et leurs instruments : il n’y a là que des sommités de la Great Black Music. A l’intérieur, sur les jaquettes, les deux sculptures de Günther Kieser, qui jouent d’un cor et de deux saxophones, résument la musique : absurde, peut-être, mais construite, amusante et libre…

Les plages sont à géométrie variable : Braxton, Corea, Vitous et DeJohnette commencent avec « Impression », Konitz les rejoint pour « No Greater Love », et Metheny remplace Konitz sur « All Blues ». Le trio Corea - Vitous - DeJohnette entame le deuxième disque avec « Waltz » et « Isfahan », puis le duo Corea et Konitz conclut avec « Stella By Starlight » et « Round Midnight ».

Que dire des interprétations ? Plongé dans ces morceaux, l’auditeur est maintenu en apnée du début à la fin ! DeJohnette et Vitous (quel archet !), particulièrement tenaces, ne lâchent pas leur(s) leader(s). Corea est éblouissant au four comme au moulin ! Metheny est aérien. Braxton et Konitz rivalisent d’intelligence, et les deux duos de Konitz et Corea laissent pantois.

The Song Is You, « la chanson, c’est vous ». Peut-être. Quoiqu’il en soit, la chanson est belle, très belle, trop belle même !