Carina Salvado

Lorsque Carina Salvado fait parler d’elle, c’est souvent pour l’émerveillement que suscite cette « chanteuse de fado des temps modernes ». Si la formule s’entend autant qu’elle s’écoute, elle prend le risque de trop vite résumer la musique de la Lyonnaise luso-descendante, qui lui ressemble surtout. Le fado la traverse au même titre que la pop ou le jazz, ces influences qu’elle revendique comme son propre patrimoine culturel. Mais ce qui ressort en premier lieu dans cette musique, c’est la personnalité de la chanteuse.

Les musiciens qui l’accompagnent, issus d’horizons différents, appuient cet éclectisme initial au service d’une œuvre originale. Il y a d’abord et toujours le noyau dur, constitué de Benoît Richou à la guitare et Patrick Maradan à la contrebasse, aux côtés desquels les invités ne manquent pas. Le jazz et le blues sont convoqués plus d’une fois par Thibaud Saby au piano et Fred Roudet au bugle, mais là encore, pas seulement. La touche percussive revient à Antony Gatta, tandis qu’un quintet à cordes, dirigé par Pierre Adenot, rehausse subtilement trois titres du disque. On retient la présence derrière la console d’Adrien Bourget (Blast, Watchdog, Possible(s) quartet, Bruno Tocanne…), qui n’a rien d’anecdotique.

Parées de beaux arrangements, les compositions sont légères et suggèrent un mouvement de balancier, comme sur un fil invisible, entre accents familiers et découverte d’un monde presque lointain. Fado-pop est un road-movie musical, où se succèdent les époques et les paysages, portés par la voix captivante de Carina Salvado. Le disque s’achève sur un « Ave Maria » sobre et sensible, chanté avec cette sincérité qui irradie chacun des titres du disque. Dégagée de toute intention d’avoir l’air de quelque chose, l’air de rien, la chanteuse révèle une grâce lumineuse et émouvante.