Carlo Cattano

Mare Nostrum, cette expression latine colle à la personnalité de Carlo Cattano. Ses expériences musicales partagées avec l’Orchestra Jazz del Mediterraneo ou, à ses débuts, avec Stefano Maltese dans le festival Rumori Mediterranei de Roccella Ionica, révèlent son attachement indéfectible au bassin Méditerranéen. Rituals présente des similitudes avec d’anciennes compositions de Carla Bley, une certaine nonchalance y règne, envahie par le soleil et les cieux azur de la Sicile.

En filigrane du concept musical où l’identité insulaire prime, des registres sonores rappellent parfois la collaboration poétique entre la chanteuse Rita Botto et Carlo Cattano. Le son chaud et velouté du saxophone baryton s’unit magistralement au violon d’Emanuele Parrini et s’épanche avec un lamento dans « Ntzù ». Alors que l’évocation d’un passé lointain est suggérée, le quintet s’engage paradoxalement dans des improvisations audacieuses. Les pizzicati jouissifs du violoniste dans « Ciuscia » font écho à la ligne avant-gardiste incarnée par Renato Geremia ; la musique explore de nouveaux horizons. Actif avec son frère Carlo dans le groupe Cattano Bros, Tony Cattano se joue des syncopes inspirées par le tango dans « Marzamemi » où surgissent les influences de Gary Valente. Cristiano Nuovo et Antonio Moncada, en totale harmonie, élaborent des polyrythmies en toute souplesse.

Tournoyante, la flûte alto exprime la sensualité ardente dans « Riff 3 », très réussi. Si la thématique de cette musique s’inspire du sud, c’est avec des maîtres nordiques que Carlo Cattano a partagé des émotions fortes durant sa carrière : Keith Tippett, Tony Oxley, Phil Woods. Il conclut son album avec un hommage sensible à un pionnier du free jazz qu’il a côtoyé, John Tchicai. Étoffé par des consonances méridionales et de belles illustrations réalisés par Davide Lorenzon, Rituals s’impose avec beaucoup d’élégance.