Chronique

Cécile & Jean-Luc Cappozzo

Soul Eyes

Cécile Cappozzo (p), Jean-Luc Cappozzo (tp, bugle)

Label / Distribution : FOU Records

Le label de Jean-Marc Foussat nous offre un bien joli cadeau avec ce Soul Eyes signés par Cappozzo fille et père. Jean-Luc Cappozzo compte parmi ces musiciens majeurs de la musique improvisée qui transforment en trésor tout ce qu’ils jouent, d’une liberté absolue, d’une poésie majuscule. On connait moins Cécile Cappozzo, la fille de ce grand monsieur. Et Soul Eyes nous permet de pénétrer en quelque sorte leur intimité musicale. Alors que l’association trompette / piano peut facilement ouvrir la porte à des démonstrations techniques gratuites et futiles, tout ici n’est que justesse, poésie, plaisir du jeu. C’est lumineux et touchant, avec pour maîtres mots l’amusement, la beauté, la connivence - on peut imaginer le temps passé et partagé à jouer ensemble -, tout cela sans avoir, à aucun moment, l’impression d’un trop grand respect de la fille pour le père. Les deux s’engagent dans ce dialogue avec ce qui ressemble beaucoup à de la délectation, avec même une pointe de défi ludique. Les deux morceaux qui ouvrent l’album sont deux suites imbriquant des compositions de Waldron et de Mingus, deux grands compositeurs de l’histoire de cette musique - « No More Tears/Goodbye Pork Pie Hat/Nostalgia In Time Square » puis « Soul Eyes/Pithecanthropus Erectus » - le morceau final étant le magnifique « The Seagulls of Kristiansund », seul, pour en souligner probablement la beauté. Choix parfait que ce répertoire, qui favorise la liberté. Pour une musique lumineuse, radieuse, telle qu’on aimerait en entendre encore et toujours.