Chris Pitsiokos, Otomo Yoshihide

Chris Pitsiokos n’a pas la renommé qu’il mérite. À moins qu’en franc-tireur qu’il est, il ne soit partisan d’une pratique libertaire et sans doute désordonnée pour gérer une carrière et surtout construire une œuvre. Si la réponse lui appartient, la rencontre avec le guitariste et turntabliste Otomo Yoshihide est certainement à ajouter dans les faits d’arme qui comptent.

Au saxophone alto, il vient se confronter à cette grande figure japonaise de l’aventure musicale de ces dernières décennies pour un dialogue dans lequel le bruitisme est un moyen de sculpter au plus près la pâte sonore. Pas une note, encore moins d’harmonie ici, mais bien une lasceration de l’espace dont on ne sait qui des deux produit le déchirement le plus incisif. Plutôt porté sur l’aigu, les musiciens proposent de s’aventurer dans des zones acérées qui pénètrent l’oreille avec opiniâtreté.

Car dans cette décharge d’énergie brute et qui se crée dans le vif du présent, aucune place n’est laissée à l’hésitation. Les deux ne se jaugent pas, ils vont directement au coeur de leur intention musicale. Proximité des timbres, lignes sonores parallèles ou superposées, respirations semblables, les deux musiciens s’élancent avec la vitesse comme objectif et les crépitations et souffles déchirés comme véhicules. Soit une musique vive, sans a priori, conjonction de deux entités aux objectifs similaires et à la finalité brûlante.