Chronique

Christophe Marguet

Echoes of Time

Christophe Marguet (d), Régis Huby (vln, fx), Hélène Labarrière (b), Manu Codjia (g)

Label / Distribution : Mélodie en Sous-Sol

C’est un coup de cœur. Et que Christophe Marguet soit rassuré : oui, vraiment, cela vaut encore la peine d’enregistrer un disque. Parce qu’il est essentiel de prendre date, de poser des repères et surtout, de raconter de belles histoires. Le batteur exprime une telle crainte face à l’évolution des pratiques en matière d’écoute musicale et au règne des playlists. On le comprend… Pourtant on voudrait lui dire à quel point Echoes Of Time, son nouveau rendez-vous discographique – le dixième sous son nom – est une formidable démonstration de vivacité et d’énergie comme on aime tant en recevoir !

S’entourant de musiciens amis de longue date et qui avaient cependant peu joué les uns avec les autres, celui dont on suit le parcours depuis une trentaine d’années déploie un arsenal particulièrement aguerri et solidaire, composé exclusivement de cordes (violon, guitare et contrebasse). Voilà quatre partenaires qui vont entreprendre un voyage tout en couleurs, prétexte à un façonnage de la matière sonore n’excluant pas le recours à l’électronique. Avec Hélène Labarrière, Régis Huby et Manu Codjia, c’est une célébration à laquelle on est invité : les compositions, toutes signées Christophe Marguet, font la part belle à des mélodies amples et chantantes à la manière d’hymnes, certaines pouvant évoquer l’univers d’Henri Texier (« Vibrations », « Mr Steve »), dont on sait à quel point il a compté pour Christophe Marguet. On se laisse emporter par la multiplicité des climats, tour à tour brumeux, nostalgiques ou contemplatifs (« Tango », « Rupture »), pouvant tirer vers le rock (« Magic Box ») ou des ambiances jazz-rock proches du Mahavishnu Orchestra (« Thérapie »). On admire, une fois encore, la précision et la grande diversité du jeu du batteur, qu’il s’agisse de propulser la machine d’un groove profond ou de suggérer une émotion par le seul frissonnement de ses balais. On est emporté par le lyrisme incendiaire de Manu Codjia, omniprésent et très électrique. Régis Huby trouve ici une place de choix, aussi bien dans son travail de modelage des textures que dans ses explorations de l’espace. Souple et puissante à la fois, Hélène Labarrière est l’autre élément clé d’une cellule rythmique qu’elle pratique à merveille au sein de différentes formations aux côtés du leader (Happy Hours ! ou Pronto !).

Christophe Marguet souhaite que cette formation puisse poursuivre sa route au-delà de ce disque éclatant : nul ne saurait prédire l’avenir en nos temps incertains, mais on peut prendre les paris et se dire que ces « échos » ont toutes chances de se faire entendre encore longtemps.