Claudia Solal, Benjamin Moussay

Vingt ans d’existence pour ce duo qui avance discrètement et à son rythme sur la scène actuelle. Huit ans après Butter In My Brain apprécié ici, la chanteuse Claudia Solal et le pianiste et claviériste Benjamin Moussay reprennent leur parcours à l’endroit exact où ils l’avaient laissé. Investissant une nouvelle fois des ambiances mesurées aux tempos alanguis, ils dévoilent une poétique diffractée qu’ils défendent à eux deux seulement.

Par l’adjonction de machines judicieusement et parcimonieusement utilisées, ils multiplient en effet leurs voix ou ajoutent des textures à l’acoustique première du piano ou du Rhodes. Non par un subterfuge qui pallierait le besoin d’un orchestre plus vaste, ce doublement est plutôt celui d’une schizophrénie fertile de personnalités plurielles. À leur aise dans le territoire baigné de silence qu’elles ont ainsi circonscrit, elles l’habitent en faisant de ce lieu peuplé d’eux-mêmes la condition de leur épanouissement.

Car, mieux que sur Butter In My Brain, chaque note, chaque intention est essentielle. Moins démonstratif encore que son prédécesseur qui l’était déjà peu, Punk Moon vise à une expressivité dépouillée et immédiate que l’articulation entre des mélodies concises et l’ingéniosité d’arrangements habiles consolident autour d’une structure générale.

De là, un répertoire de chansons écrites à quatre mains comme autant de pop songs qui évoquent les lointains cousinages de Tori Amos, Björk ou Portishead. Quelques tubes accrocheurs en émergent (on notera « Battle Dress » ou le délicat « Direct Light » mais les avis varieront selon les goûts de chacun) exhaussés par des textes en anglais, signés par Claudia Solal, intimes et délicieusement tourmentés. De cette dizaine de titres qui sont, au final, la variation d’une même intention, ressort une atmosphère enveloppante et tamisée propice à la projection d’un petit théâtre d’ombres détourées de lumière.