Chronique

Cordes avides

Moon Blues

Sébastien Guillaume (vl), Frédéric Eymard (vl alto) et Jean Wellers (b), avec Didier Lockwood (vl).

Label / Distribution : Hybrid Music

Le format de Cordes avides est pour le moins original : il y a bien des exemples d’association violon et contrebasse ou violon et guitare, mais un violon, un violon alto et une contrebasse, cela ne court pas les rues… Frédéric Eymard, Sébastien Guillaume et Jean Wellers ont monté ce trio en 2002 et Moon Blues est leur premier disque pour le label chti Hybrid’Music.

Eymard et Wellers sont déjà connus des auditeurs/lecteurs de Citizen Jazz : ils ont pu les écouter en compagnie d’Olivier Calmel en concert ou en disque. Le parcours du violoniste passe d’abord par une formation classique dans les conservatoires ; puis, à la fin des années quatre-vingt-dix il ajoute le jazz à ses cordes et passe le Diplôme d’état de Professeur de jazz en 2007. Il partage donc son temps entre l’enseignement, des orchestres classiques et des formations de jazz.

Moon Blues compte un peu plus d’une heure de musique répartie sur douze morceaux de durées à peu près équivalentes. Neuf thèmes sont de la main d’Eymard, tandis que Guillaume en signe deux et que Wellers propose un hommage au Maître Mingus. Des thèmes soignés (« Trichlo », « Buzenvalse », « Estocade »), des interactions en forme de contrepoints (« Moon Blues »), de dialogues (« Mi swing, mi raisin ») et de jeux rythmiques (« Hips Hop »)… la musique de Moon Blues s’inscrit dans la lignée de celle d’un Stéphane Grappelli : du swing, de la mélodie et des rythmes enjoués. En walking (« Funkside », « Trichlo ») ou dans des solos véloces (« Mingus Story »), la contrebasse de Wellers est toujours dansante. Quand ils accompagnent, Eymard et Guillaume intercalent leurs ostinatos rythmiques entre les lignes de basse pour en accentuer le balancement (« Moon Blues »). Les pizzicatos et les jeux sur les tables (« La Case Neuve ») rappellent parfois les îles. Dans les chorus, les variations de Guillaume restent proches du thème tandis que celles de l’altiste s’en éloignent mais, dans l’ensemble, les développements des violonistes tournent autour de la mélodie centrale. A noter la présence sur « Bossa Nostra » de Didier Lockwood et son jeu caractéristique alternant traits mélodieux, effets « bluesy » et lignes virtuoses, le tout servi par une sonorité flamboyante.

Alliage de swing et de classique, avec ça et là des jeux rythmiques qui évoquent les musiques latines, la musique de Moon Blues, bien construite, s’écoute agréablement.


Liste des morceaux :

  1. « Mingus Story », Wellers (5:03).
  2. « Funkside » (5:32).
  3. « Moon Blues » (5:30).
  4. « La Case Neuve » (5:42).
  5. « Mi Swing, Mi Raisin » 4:18).
  6. « Trichlo », Guillaume (4:27).
  7. « Confidences » (4:51).
  8. « Hips Hop » (5:55).
  9. « Bossa Nostra » (3:42).
  10. « Sarapo », Guillaume (6:11).
  11. « Buzenvalse » (4:33).
  12. « Estocade » (4:45).

Tous les morceaux sont signés Eymard sauf indication contraire.