Chronique

Costa / Volden

In The Wake

Håvard Volden (g), Carlo Costa (dms, perc)

Label / Distribution : Neither Nor

In the Wake signifie « Dans le sillage », et c’est vrai qu’à peine on installe le disque paru chez NeitherNor Records qui regroupe le guitariste Håvard Volden et le percussionniste Carlo Costa, l’image apparaît. Celle d’une longue traine, d’un remous géométriquement parfait qui vient créer des vaguelettes à mesure que le duo avance, ligne droite parfaite. On connaît Costa pour ses participations au quartet de Jean-Brice Godet ou ses apparitions aux côtés de Frantz Loriot, ainsi que pour son propre orchestre Acustica. Volden est plus insaisissable. Originaire d’Oslo où il sévit toujours, le musicien se partage entre la pop sophistiquée teintée de Noise Music (Lost Girls), la recherche sonore et la Free Music pour laquelle il montre ici un goût prononcé (« Ebb » où des cordes presque étouffées viennent se perdre dans le chant des cymbales, au seuil de la douleur…).

C’est un sillage, parce que les deux musiciens ne s’affrontent pas, ne se tamponnent pas, mais suivent une ligne, si brisée et capricieuse soit-elle. Dans « Pool », après quelques notes pincées et esseulées, jouant dans l’écho d’une cloche, Volden agrippe une direction qui subit pourtant de nombreux décalages mais que Costa suit fidèlement. Le batteur habille le son lancinant de multiples ornements sans chercher à dépasser où à infléchir le propos de son compagnon qui revendique pourtant de voyager sans boussole.

On songera, et c’est finalement très logique, à ce que peut proposer Marcelo Dos Reis sur son label Cipsela : on trouve le même goût pour le son et l’aspect foncièrement organique dans le jeu de Håvard Volden, même si celui-ci se montre parfois plus acrimonieux et plaque plus facilement des accords que le jeu très méticuleux de Costa altère, comme une réplique de plus en plus atténuée. Ainsi « Awash » est l’occasion de sentir les cordes se dissoudre mollement dans un bain de métal qui n’a même pas besoin d’atteindre le point de fusion. Un album court et pourtant riche qui témoigne de nouveau des liens intimes qui se tissent au-delà des continents entre les musiciens qui cherchent, en toute liberté.

par Franpi Barriaux // Publié le 7 octobre 2018
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