Scènes

Crest Jazz Vocal 2008

Doyen des festivals de jazz de la région Rhône-Alpes, Crest Jazz Vocal s’étale sur sept jours et mélange avec succès spectacles gratuits, affiches payantes, stages, concours vocal, conférences et expos.


Doyen des festivals de jazz de la région Rhône-Alpes, Crest Jazz Vocal s’étale sur sept jours et mélange avec succès spectacles gratuits, affiches payantes, stages, concours vocal, conférences et expos.

Crest Jazz Vocal tient bon

33 ans.
L’âge est particulièrement symbolique.
C’est celui de Crest Jazz Vocal, doyen des festivals de jazz de la région Rhône-Alpes. Un festival qui s’étale sur sept jours et qui mélange avec assez de succès, spectacles gratuits, affiches payantes, stages, concours vocal, conférences jazz et autres expos.

Un festival aussi qui tient avant tout à la mixité de son affiche : cinq grandes soirées, soit dix concerts où on parvient à mélanger jazz et musiques cousines, traditions et nouveautés, petites et grandes formations, coups de cœur et succès garantis. Mais c’est moins simple qu’on ne le croit. Exemple, cette année. Le démarrage est somptueux avec Robin McKelle qui joue presque à domicile, entourée par un trio béton [1]. Au sommaire de son set, Modern Antique, son dernier album, qui forme d’ailleurs l’ossature de sa longue tournée. Rien à redire sur la fougue communicative de cette chanteuse qui se démène pour sortir le public de son expectative. A l’aise sur les tempos lents, elle ne figure pas au mieux dans les parties plus hachées. Affaire de sono peut-être. Ou d’affluence : l’espace Soubeyran, qui accueille les spectacles en nocturne, supporte mal de n’être pas plein à ras-bord.

Ajoutez à cela en première partie un groupe de qualité mais qui n’avait rien de vocal, et à qui revenait pourtant le soin de lancer le festival. Pourtant, le Julien Lallier Quartet joue une musique rigoureuse aux riches atmosphères. Jeff Baud (tp) est de bout en bout étincelant et le trio soudé que forment Julien Lallier (p), Joan Eche-Puig (cb) et Donald Kontomanou (dr) sait élaborer une musique compacte aux effets incessants. Mais, il s’accorde assez mal avec un public vacancier qu’on sent distrait ou impatient.

Curieusement, le Tigran Hamasayan Trio qui ouvrait le bal le lendemain s’est, au contraire, parfaitement sorti de l’épreuve. Pourtant, le départ du set pouvait laisser craindre une dérive progressive : peu désireux de sortir de sa réserve, Tigran joue sobre, s’assied au Steinway comme pour faire quelques gammes. Mais dans l’heure qui suit on passe à un chahut progressif qui a embarqué le public de main de maître-potache. La faute évidemment aux frères Moutin, impétueux, prolixes, avides de bâtir cette surenchère qui les lie mais avides aussi et surtout de pousser le pianiste jusqu’au bout de son talent. Il se produit alors une confondante alchimie à six mains dont chacun pourrait s’arroger la paternité. Hamasayan a l’art de coller dans la même mesure Chopin, Monk et Michel Camillo sans se refuser aucune échappée. Sans doute un peu lassé de son panorama en noir et blanc, il s’embarque dans un scat torride qui devient un orchestre à lui tout seul : basse, caisse claire, cymbales, tout y passe. Premiers spectateurs, les frères Moutin [2], qui ont déjà beaucoup donné, sont presque au chômage. Ici, le festival prend corps, Le public en redemande. Sauf qu’on ne recrée pas comme ça un air venu des tripes et d’une envie de partager. Et puis le temps passe. A regret, Tigran Hamasyan laisse la place, malgré les spectateurs debouts.

Suit Louis Winsberg. Au centre de son rendez-vous musical, la ville de Marseille qu’il fait sienne au point de décrire chacun de ses musiciens par ses coordonnées topographiques marseillaises. Ce n’est pas anodin dans la mesure où le spectacle élaboré se veut d’abord le produit d’un melting-pot secret, propre à ce port (d’attache). Evacuons d’emblée le bon gros cliché qui voit un des danseurs « viril-flamenco » se prendre les pieds dans son ballon de l’OM et passons à ce qui fait la richesse marseillaise proprement dite : une alliance de cultures inlassablement réinterprétées, de l’Espagne au Maghreb, du jazz à - qui sait ces farandoles provençales qui perdurent, en prenant soin d’ajouter [3] des musiques électriques toniques. C’est plaisant sans être totalement novateur. Mona (oud et chant) sait tracer une voie originale en exprimant bien cette synthèse en élaboration.

Le lendemain, jour à part, Crest affiche complet. Pour Les Doigts de l’Homme, un peu ce groupe manouche venu de l’Ardèche voisine est ravi d’être là ; au programme, humour, guitares et cordes en tous sens. Dommage, l’orage se chargera d’écourter leur set énergique même si la formation semble avoir quelque peine à tenir la distance. [4] Mais surtout pour Thomas Dutronc, héros de la fête, sans qu’on sache trop pourquoi. Avec lui, quatre honnêtes musiciens chargés de lui donner la réplique. D’emblée, le jeune homme tente de prendre la mesure de la célébrité aussi soudaine qu’inattendue qui lui échoit. Mêlant chansons et jazz manouche, avec une voix qui en rappelle d’autres, il n’a pas de grands efforts à fournir pour conquérir le public, sinon les amateurs jazz (tout de même interloqués). Mais les textes portent et séduisent. Tout ne fait ici que démarrer.

Crest Jazz Vocal se termine sur deux soirées mêlant à bon escient jazz, musiques improvisées et autres influences : Rabih Abou-Khalil et Emir Kusturica. Deux beaux spectacles qui élargissent encore le panorama musical que s’efforce de rassembler ce festival, même si le jazz n’en sort pas toujours vainqueur.

Mais Crest Jazz Vocal est inquiet malgré ses 33 ans d’histoire

Baisse ou disparition de certaines subventions, concurrence plus ou moins directe d’autres festivals, Crest se remet en cause chaque année au point aujourd’hui de s’inquiéter de pérennité.

Crest Jazz Vocal vient donc de fêter sa 33è édition. Un beau score. Pour mémoire, Jazz à Vienne, référence incontestable, en accuse cinq de moins. Ce festival, qui s’est adjoint un concours vocal il y a vingt ans, devrait donc envisager l’avenir avec sérénité. Sauf que l’association qui mène ce festival depuis l’origine se dit aujourd’hui très inquiète : « La pérennité de Crest Jazz Vocal est en question » écrit–elle en effet en préambule de son édition. Malheureusement pas épargnée par cette nouvelle politique culturelle – ou absence de — notre existence est menacée ».
De quoi s’agit-il ?

Ce festival bénéficie sur le papier de vents extrêmement favorables : la période, le climat (il se déroule en plein air), les bénévoles disponibles, l’association, et, bien entendu, le lieu, destination de milliers de touristes. De plus, son étiquette « vocale » lui permet d’ouvrir assez largement son affiche sans pour autant lui faire risquer de perdre son âme. Ainsi, se sont côtoyés cette année Emir Kusturica, Thomas Dutronc et Rabih-Abou-Khalil.
Seul problème, le budget. Alors que le festival accueille durant cinq soirées sur la grande scène dix formations, dont cinq têtes d’affiche à même de remplir l’espace, il dispose d’un budget global évalué entre 360 000 et 390 000 euros. Si 25 % sont apportés par des subventions (la Ville, le Conseil général de la Drôme et la Région Rhône-Alpes), et si la Spedidam fournit 1 000 euros, l’essentiel des rentrées provient bien de la billeterie (entre 7 000 et 8 000 entrées). Le reste est fourni par quelques annonceurs, partenaires et autres aides qui ne permettent pas au festival d’être serein. [5]. Ces dernières années, certaines subventions ont déserté le festival (celles de la DRAC notamment). Par ailleurs, au fil des ans, des festivals ont vu le jour à Valence ou ailleurs pendant la même période, concurrençant plus ou moins directement Crest. « Tout ça, au final, c’est de la jauge en moins pour [nous] » remarque le trésorier de l’association, Alain Daussan. Or, ce sont précisément ces quelques centaines de places en plus ou en moins qui font ou défont le bénéfice d’un festival.

Les organisateurs de Crest Jazz Vocal sont d’autant plus prudents que si, voilà sept ans, un spectacle « Ray Charles » leur avait permis d’accumuler un petit trésor de guerre, cette époque est aujourd’hui bien révolue. Il y a deux ans, le festival a même enregistré un léger passif, qu’il traîne depuis. Dans ce contexte, une erreur de casting ou une mauvaise météo persistante suffiraient à anéantir les efforts d’une année : à quelques minutes de l’entrée en scène de Thomas Dutronc, cette année, on ignorait encore si l’orage allait ou non éviter Crest. Idem le lendemain. Ici, on n’a pas oublié qu’une météo capricieuse a plombé la célébration de la trentième édition, il y a trois ans, comme l’ultime soirée de Jazz à Vienne cette année.

Qui plus est, l’association refuse d’appliquer une tarification différenciée selon l’affiche, ce qui aurait pour effet de sélectionner les publics. Malgré le succès attendu, « on ne veut pas majorer Thomas Dutronc en billeterie », explique Daussan ; de plus, nulle extension de l’espace - et donc des places en vente - ne semble à l’ordre du jour. Billeterie-subventions-partenariats : la partition sur laquelle le festival peut jouer est simple. La disparition d’une subvention poserait problème mais, à l’inverse, l’arrivée d’une entreprise-sponsor éclaircirait l’avenir.

Crest : 20ème concours de Jazz vocal : Huit formations de beau calibre en lice

Et voilà le concours ! Quatre jours. Huit formations en lice. Mais un seul podium comme le veut la tradition de ce concours né il y a 20 ans. Le décor est désormais bien fixé : un podium installé sur la place de l’église et du Tribunal d’instance, quelques dizaines de places assises bordées par des terrasses de cafés et la rue piétonne, qui traverse la vieille ville de part en part. Tout ceci explique l’ambiance estivale, interlope, familiale et décontractée qui escorte ce concours. Pour les artistes, la performance n’est pas mince : il faut, en cinquante minutes, aller au bout de son set quels que soient les états d’âme du public et la force 7 du soleil estival…

Comme par le passé, ils étaient donc huit retenus pour le schuss final : deux voix masculines, cinq féminines et un groupe plurivocal (« Et j’ai cédé à …. »). Adoptons l’ordre chronologique.

Premier à ouvrir cette vingtième édition, Lifescape, emmené par Olivier Régin. Lui-même au chant, entouré de Renauld de Lacvivier (p), Arnaud Girard (dr) et Dan Yancovitch (cb). La voix, particulièrement juste, déjà éprouvée, s’extrait avec adresse de l’instrumentation qui l’entoure. Certes, les influences sont évidentes, mais s’estompent au profit d’une approche originale et soignée. Scat convaincant. Musiciens précis. Répertoire peut-être trop ouvert pour un jury jazz. Mais dans le temps imparti (règle n°2 bis de l’épreuve), ce quartet fixe le niveau du concours qui démarre.

Suit Lily Yellow, formation suisse créée l’an passé autour de cette jeune chanteuse au timbre épuré, entourée de quatre musiciens solides dont un Simon Rupp vigilant à la guitare.
Le choix du jury s’est encore plus compliqué les jours suivants, d’abord avec l’arrivée de « Et j’ai cédé à … », quintet original formé à Paris XIIIè par Gabriel Cabaret et qui n’en est pas à son coup d’essai, qu’il s’agisse de formations, de participations à des festivals ou des concours vocaux, ou tout simplement à des sets ici et là (au Sunset ou au Petit Journal). Avec lui, deux autres « voix » entremêlées, celles de Claire Lakmane et Danielle Jean, qui se croisent, se fondent et se décroisent au fil des morceaux avec beaucoup de finesse, de rigueur, de grâce et d’à-propos. On n’est pas loin du Manhattan des belles années avec, en sus, un soin tout particulier apporté au côté scénique : costumes, jeu de scène, chorégraphie (signée Nathalie Bensaïd), chaque morceau étant interprété par les trois compères qui se chipent tour à tour la vedette. L’exercice est d’autant plus difficile que le concours, on l’a vu, se déroule sur une place d’église bercée par un brouhaha permanent [6], et que la formation ne repose, pour le reste, que sur une harpe, certes bien maniée par Evelyne Cabaret, et les percussions (steel-drum) volontairement discrètes d’Alain Richard. Il n’en faudrait pas beaucoup plus pour que l’ensemble s’impose comme un maître du genre. Mais quoi ? Piano-basse-guitare en rajout ? Un jeu un peu plus débridé ? Des ruptures plus marquées ? Sachant que la formation est encore en rodage, la bonne formule devrait vite voir le jour.

Même jour, tout autre genre avec le Danialla Barda trio. Une chanteuse, deux guitares. Le contraste est d’autant plus saisissant que Daniella Barda démarre a capella, mais le charme prend vite. Bien servie par les guitares d’Olivier Cahours et Pierrick Hardy (belles cartes de visite !), la jeune femme sait imposer, dans ce lieu peu propice, une atmosphère tendre et recueillie qui a vu le jour, nous dit-on, aux défunts Sept Lézards lors d’une résidence relativement récente. La voix est douce, suggestive, nourrie de belles inflexions, passant de la mélancolie à la gaieté, embarquant le public [7] dans un set tout en finesse et en nuances.

Corinne Letellier, le lendemain, fait également mouche. Il est vrai que le quintet fonctionne admirablement, que la jeune femme s’empare vite de la scène encombrée et qu’elle interprète superbement des compositions venues en droite ligne d’un récent album (Le calice) repéré et plébiscité. Pour la circonstance, elle est entourée de Stéphane Bularz (cb), Cedirck Bec (dr), Nicolas Delorme (s) et Wim-Jan Welker (g). Mais par-dessus tout, ses compositions reposent sur les textes poétiques longtemps méconnus, datant des années 30, d’une certaine Nadia Rousseau, violoniste et amie de Rostand. Poèmes et musiques font bon ménage, se nourrissent mutuellement pour camper ensemble un étonnant décor. La relative solennité des vers n’empêche pas la chanteuse d’oubier sa réserve au fil des morceaux et de finir le set espiègle, tonique, remontée. Un dernier rappel, recueil de poèmes relié à l’ancienne à la main, confirme la justesse de cette rencontre entre texte et musique.

Le même après-midi c’est au tour de Cathaly, un quartet composé de ladite au chant (vrai nom volontairement tu), d’Eric Delval (g), de Christian Duperray (b) et de Nicolas Krassick (perc), tous compositeurs et arrangeurs. Des musiciens aux riches parcours individuels, réunis ici autour des œuvres et de l’approche musicale d’Abbey Lincoln. L’ambiance est sans doute moins propice à la rencontre avec le public de Crest. Tout comme pour Daniella Barda, on souhaite à cette formation de se produire dorénavant dans des lieux plus adaptés.

Le vendredi marque la fin du concours avec d’abord le Pierre de Trégomain quartet et le Philomène Irawaddy duo pour finir. Qui peut le plus… Cette chanteuse vient de boucler un album avec Alain Jean-Marie, Gilles Naturel et Philippe Soirat, qui l’escortent depuis plusieurs saisons. A Crest, elle a privilégié un duo avec Manuel Rocheman, pianiste qui aime autant se glisser dans les affirmations d’un Anthony Ortega que dans les méandres mélodieux d’une Sara Lazarus ou d’Aldo Romano.

Mais le quartet d’ouverture avait, à l’évidencen déjà conquis le jury… Implacable.

Il est d’étranges soirs, aurait dit Albert Samain, où les musiques ont une âme. C’était le cas ce soir-là.

1991-2008 : Les 18 primés du Crest Jazz Vocal

Le premier concours (1991) a été remporté par « Nationale Bleue ». Depuis, Crest Jazz Vocal a récompensé dix-huit formations :

1992 : Cécile Verny
1993 : Mariannick St Céran
1994 : Mascara
1995 : Aurelia O’Leary
1996 : Valérie Barki
1997 : Les Grandes Gueules
1998 : Miss Marple
1999 : Asa Nisi Masa
2000 : Fred Rambinaissing
2001 : Deborah Tanguy
2002 : Pauline Lucas
2003 : Clara Arnette
2004 : Trio Ba-Ya
2005 : Caroline Nin
2006 : Gabor Winand
2007 : Grzegorz Karnas
2008 : Pierre de Trégomain Quartet

Conférences : Nicolas Béniès aux sources du jazz français

Du 22 décembre 1928 au 30 novembre 1929, Sydney Bechet fut l’hôte de l’Etat français à la prison de Fresnes.
Il venait d’être condamné à 15 mois de prison à la suite d’une sévère altercation qui s’était produite le 21 décembre 1928 « Chez Florence », où il s’était produit avec Albert Nicholas. Au petit matin, il n’avait pas hésité à tirer sur le guitariste Mike McKendrick. Selon Charlie Lewis, cité par Nicolas Benies, les deux compères « s’étaient pris de querelle au sujet des « harmonies du morceau qu’ils venaient de jouer », au point de sortir leurs revolvers et de se tirer dessus. Des flingues pour régler une querelle harmonique ! Aucun des deux ne sera touché. En revanche, le pianiste, Glover Compton, sera blessé à la cuisse. C’est ce qui valut à Sydney Bechet d’être emprisonné puis expulsé. Il devra attendre 1949, nous dit-on, pour revenir en France, aidé par Charles Delaunay. Mai 1949, date du deuxième Festival International de jazz et point de départ d’une étonnante décennie qui va voir Sydney Béchet éclater sur la scène française jusqu’en mai 1959, date de sa mort.

C’est un rituel : Nicolas Beniès revient, comme lors de chaque édition du Crest Jazz Vocal, sur un aspect particulier de l’histoire du jazz en France. Au fil de quatre conférences, cette année, il s’est plus particulièrement attardé sur la période courant de l’arrivée du be bop à l’émergence du free jazz. Dans ses cartons, quelques disques précieux [8] qu’on écoute religieusement dans le caveau de « La Tartine », une cave ancienne au cœur de la vielle ville. Mais, plus important, le conférencier est revenu sur l’étonnant contresens que l’on commet régulièrement à propos de Bechet. Au-delà du personnage, volontiers jovial, se révèle une personnalité musicale étonnante, encore méconnue ; il fut l’un des plus grands sax sopranos, instrument qu’il impose dans le jazz de l’époque. Témoignage de Claude Luter dans le livre de Zammarchi à propos de la personnalité du musicien : « Agressif / Méfiant / Jaloux / Rusé / Impatient (toujours) / Injuste (très souvent) / Exigeant / mais Charmeur (surtout avec les dames) / Intelligent (bien plus que la moyenne) / Talentueux (plus que talentueux) / Génial (terriblement, Duke Ellington l’a dit) ».

Dernière soirée : De Pierre de Trégomain à Emir Kusturica

Le Pierre de Trégomain Quartet, gagnant de la 20ème édition du concours de Jazz Vocal à Crest, a ouvert la dernière soirée du Festival devant 3 300 personnes venues applaudir le géant des Balkans, Emir Kusturica et son « No Smoking Orchestra ». Ces quatre parisiens ont commencé à travailler ensemble il y a tout juste trois ans. C’est leur premier festival. Malgré leurs influences musicales différentes - classique et pop pour certains d’entre eux -, Pierre de Trégomain, initiateur du Quartet rappelle que « c’est le fruit d’un travail collectif, dans une ambiance sereine et très amicale ». Le parti pris musical est un ensemble de compositions et de reprises pop « à la sauce jazz », notamment une belle version du « Billie Jean » de Michael Jackson qui a emballé le public. Après une tournée en Roumanie en avril dernier, le Quartet envisage l’enregistrement d’un album et espère fixer des dates de concert « à Paris, en Provence ou n’importe où dans le monde, d’ailleurs ! » s’amuse à dire Benoist Raffin (batteur du groupe).

Un média incontournable : Chaque jour, Les Jazzités du Vocal

Les Jazzités du Vocal. Lors de chaque édition de Crest, du lundi au samedi un média coloré, bien fait et rapide à lire reprend sa petite vie éphémère. Il s’agit du journal du festival qui se veut évidemment le fidèle témoin, au jour le jour, des diverses festivités. Il est édité par le Crest Jazz Vocal et imprimé par « Le Crestois », une imprimerie locale. Pour le réaliser, une petite équipe de rédaction constituée de Lise Bukjet, Carine Fayard, Jean-Marc Peyrieux et Olivier Rousseau. Au sommaire, tout et rien sur le festival au jour le jour, la « Une » étant évidemment consacré au spectacle à venir. Parmi les petits éléments séduisants, le billet qui accompagne chaque édition, intitulé « Bonne humeur ». Le ton est donné.

Mais en matière de médias le nerf de la guerre étant toujours et encore la diffusion, l’équipe des Jazzités peut compter sur le réseau des bénévoles du festival qui, chaque jour, ratisse Crest pour distribuer la lettre du jour. Dommage qu’à peine nées, ces Jazzités s’endorment pour 51 longues semaines avant de reparaître l’année suivante. On en sera alors à la 34è édition…

par Jean-Claude Pennec // Publié le 25 août 2008

[1Alain Mallet (p), Peter Slavov (cb), Jeremy Clemons (dr)

[2François est à la contrebasse, devinez ce que fait Louis

[3Louis Winsberg s’en charge

[4Elle est surtout une vieille copine de ce festival puisque son premier concert a eu lieu il y a quelques années à Suze-sur-Crest (15 kilomètres au nord-est), suivi d’un concert au Club, à Crest même.

[5Pour mémoire, le budget de Jazz à Vienne est près de dix fois supérieur et celui des « Nuits de Fourvière », à Lyon, plus de vingt fois supérieur

[6c’est aussi ce qui fait son charme

[7sauf un joyeux titi de 6 ans au premier rang en train d’escalader son cornet de glace

[8So What, 1959, année de la mort de Bechet