Dan Weiss

Aussi simple que la formule le laisse suggérer, ce disque sonne avant tout comme une évidence. Après avoir exploré ces dernières années des formules plus copieuses et ébouriffantes et donnant suite à Dedication, sorti il y a deux ans à peine, déjà en trio mais piano basse, Dan Weiss continue à se consacrer à des formules réduites auxquelles il instille sa pratique fine d’une batterie à la fois très cérébrale et dans le même temps toujours sensuelle. Cette fois, le saxophoniste Miguel Zenón et le pianiste Matt Mitchell lui donnent la réplique dans un trilogue aux lignes claires qui profitent de la complexité rythmique pour en faire un terrain d’investigation parfaitement assimilé.

L’absence de basse et le jeu vers les aigus du piano (on a connu Mitchell capable d’une amplitude plus massive) confèrent au trio une légèreté et une souplesse de tous les instants que double une interactivité fructueuse entre les trois pôles de ce triangle qui s’entraînent dans une danse incessante parfaitement chorégraphiée.

Personne, en effet, ne se marche sur les pieds et la bonne distance de chacun à l’autre crée une sensation d’espace que vient innerver avec enthousiasme la batterie pulsatile et fébrile du leader. Son indéniable science de la frappe et sa maîtrise complète du set de batterie, sans être bêtement démonstrative, est une manière de s’approprier la musique, avec complexité mais enthousiasme, pour éviter de tourner à l’abstraction (comme ça a pu être le cas parfois par le passé).

Surtout, et la force de ce disque est aussi dans cette dimension : alternant les purs moments d’échange à la virtuosité enivrante avec des compositions au thème plus abouti, on découvre quelques plages touchantes écrites avec finesse dont les mélodies accrochent l’oreille avec insistance pour s’y ficher longtemps encore, l’écoute du disque terminée.