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Edition du 24 mars 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Décès de Richard Wright

Né en 1943, le claviériste et chanteur Richard
Wright
avait été, en 1965, l’un des fondateurs de
Pink Floyd avec Syd Barrett (qui quittera le
groupe après son premier album, et sera remplacé
par David Gilmour), Roger Waters et Nick Mason
qu’il avait rencontrés à l’école d’architecture.

Après le départ de Barrett, Wright avait été un
temps la figure de proue de Pink Floyd, à
l’époque de Saucerful Of Secrets (1968) ou
Ummagumma (1969), avant que Gilmour ne
s’affirme comme « frontman ». La sonorité unique de
son orgue Farfisa, trafiqué au moyen de divers
effets électroniques, sera un ingrédient
essentiel de la première époque de Pink Floyd,
qui prendra fin avec Meddle (1971) et le film
Live At Pompeii.

La consécration commerciale de Dark Side Of The
Moon (
1973) et Wish You Were Here (1975)
marquera l’apogée de la contribution musicale de
Wright (il signe ou co-signe notamment "Us And
Them« , »The Great Gig In The Sky« ou »Shine On
You Crazy Diamond"), qui s’affirme également
comme un pionnier des synthétiseurs.

Son implication dans le groupe diminuera à mesure
que s’affirmera la mainmise de Roger Waters. Sa
prestation sur Animals (1977) n’en demeure pas
moins impeccable, même si sa voix et ses
compositions n’y ont plus droit de cité. Wright
se rattrapera l’année suivante avec Wet Dream,
album solo plutôt indolent. Avec The Wall, le
point de non-retour est atteint dans ses
relations avec Waters, qui exige son départ avant
la fin des séances. Wright participera malgré
tout, en tant que simple employé, aux
représentations du spectacle inspiré de l’album,
en 1980-81.

Perdu de vue pendant plusieurs années, Rick
Wright réintègre le Pink Floyd reformé autour de
David Gilmour dans la phase finale de la
réalisation de A Momentary Lapse Of Reason
(1987), puis pour la longue tournée mondiale qui
s’ensuit. Son rôle sera plus important sur The
Division Bell (
1994), dont il cosignera
plusieurs morceaux, tenant même le chant sur l’un
d’eux. La renaissance artistique de Wright se
poursuivra avec un nouvel album solo, Broken
China
(1996), bien accueilli par les amateurs de
Pink Floyd.

Fidèle en amitié, David Gilmour le tirera de sa
semi-retraite pour des participations à ses
concerts solo puis à son album On An Island
(2006). Wright officiera au sein de son groupe de
tournée, interprétant avec lui de nombreux
classiques floydiens, dont le mythique « Echoes »
pour lequel il ressortira même son vieil orgue
Farfisa, au placard depuis 1973 ! Le DVD
Remember That Night (2007) et le CD/DVD Live
At Gdansk
, à paraître dans quelques jours, en
témoignent. En juillet 2005, Wright avait
également participé à la reformation du Pink
Floyd « classique » pour le « Live 8 ». Sa dernière
apparition publique remonte à mai 2007, aux côtés
de David Gilmour et Nick Mason, pour une version
d’« Arnold Layne » (premier single de Pink Floyd, en
1967), lors d’un concert en hommage à Syd
Barrett, disparu en 2006.

Il y a quelques mois, il avait été annoncé que
Rick Wright s’était mis au travail sur un nouvel
album solo instrumental. On ignore l’état
d’avancement du projet au moment de son décès, survenu le
15 septembre, des suites d’un cancer fulgurant. Il
avait fêté ses 65 ans il y a quelques semaines.

"Every year is getting shorter, never seem to find the time.
Plans that either come to naught, or half a page of scribbled lines
Hanging on in quiet desperation is the English way
The time is gone, the song is over,
Thought I’d something more to say".

(Extrait de « Time » sur l’album Dark Side Of The Moon (1973), texte de Roger Waters chanté par Rick Wright)

  • Aymeric Leroy