Chronique

Dexter Gordon

Montmartre 1964

Dexter Gordon (ts, voc), Tete Montoliu (p), Niels-Henning Ørsted-Pedersen (b), Alex Riel (dm)

Label / Distribution : Storyville

Lorsque « Long Tall » Dexter déboule sur la scène du Montmartre Jazz Club à Copenhague, en 1964, il est déjà auréolé de sa propre légende.
C’est ici un (trop) court chapitre de sa saga scandinave qui nous est offert. Un lien organique entre le club et le plus bop des sax ténors se déploie au fil de la captation de ces deux sets, enregistrés à une semaine d’intervalle, avec une formation qui aura existé pendant trois mois, jouant tous les soirs. Quel groupe ! Au piano, Tete Montoliu déroule des clusters ludiques gorgés de swing, surfant sur la crête des grilles harmoniques. A la contrebasse, NHOP, à peine âgé de 18 ans, a déjà l’assurance d’un géant du jazz en devenir. Le batteur, Danois de service, fait le job avec une maestria confondante. Dexter Gordon trimballe sa nonchalance lyrique (ah ce fameux jeu au fond du temps…) entre entertainment (il chante, il plaisante) et spiritualité : son empathie de géant débonnaire auréole ses partenaires et le public d’ondes délectables, nous donnant à savourer un « Cheese Cake » (peut-être la plus fameuse de ses compositions) fondant à souhait.

Un document d’autant plus poignant que la crise pandémique a bien failli avoir la peau de la dernière mouture du légendaire club danois…