Scènes

Dhafer Youssef & Paolo Fresu en concert

l’atypique duo de passage à Marseille.


Cité de la Musique, Marseille, 10 octobre 2002. Dans le cadre du « cri du port ».

Paolo Fresu : trompette, bugle ; Dhafer Youssef : oud, chant.

Dhafer Youssef par Lionel Moreau

Etonnante rencontre de deux instruments et de deux cultures : la trompette et le oud, la Sardaigne et la Tunisie. Le jazz et la tradition. Dans l’auditorium feutré de la Cité de la Musique à Marseille, les deux hommes ont offert un concert de grande qualité à un public qui n’a pas regretté de s’être déplacé sous des trombes d’eau.

Une grande écoute et un grand respect mutuel sont visibles entre les deux musiciens. Dhafer Youssef allie l’esprit traditionnel du oud à la modernité technologique, en utilisant une pédale d’effets qui lui permet de « s’échantillonner » sur quelques mesures, qui tournent ensuite en boucle et sur lesquelles il peut continuer à jouer. Il se sert également de son instrument comme d’une percussion sur les solos de Fresu. Ce dernier, qui alterne trompette bouchée et bugle, développe un son très chaleureux et un jeu très doux qui laisse respectueusement un bel espace d’expression au oud, passant des improvisations habituelles aux ostinatos mettant en valeur les variations de son partenaire. Fresu dispose également d’une palette d’effets sonores qu’il utilise avec pertinence. L’électronique ne relève pas ici du gadget, mais est employée dans un souci d’enrichissement très juste : notes persistantes, notes doublées par leur « jumelle » une octave plus bas… Lui non plus ne rechigne pas à jouer les percussionnistes en tapant sur sa console ou sa sourdine, pendant que Dhafer Youssef improvise.

Que ce soit au oud ou au chant, par sa voix grave et puissante, Youssef utilise énormément le silence, introduisant dans la salle une atmosphère de sérénité et d’apaisement. Bref, un concert magnifique, une rencontre magique, un monde musical simple et généreux.

A ne pas rater, vous l’aurez compris.