Didier Lockwood

Pour fêter le centième anniversaire de la naissance de Stéphane Grappelli, Didier Lockwood a consacré un album-projet au violoniste disparu en 1997. Évidemment, les mauvais esprits ne manqueront pas de railler le « coup commercial », mais quelle importance si « les sons flattent l’oreille » et si l’hommage vient de l’un des disciples les plus sincères du célèbre gentleman ?

For Stéphane est conçu autour de deux disques : un premier comportant de la musique et un second des vidéos et des textes. A cela s’ajoute un livret de commentaires et d’illustrations. Les souvenirs filmés de Toot Thielmans, Pierre Blanchard ou Daniel Humair, le reportage datant de 1984 sur Grappelli et Lockwood, le texte et les dessins de Joseph Oldenhove de Guertechin (secrétaire particulier de Grappelli), la dédicace de Jean-Philippe Viret, contrebassiste fétiche de Grappelli et directeur artistique du projet… tout est évidemment axé sur Grappelli. Mais Lockwood profite également des vidéos pour faire visiter son école de musique et donner deux leçons aux violonistes de jazz. Il a même ajouté un extrait de son autobiographie, Profession Jazzman, la vie improvisée et un portrait du violoniste signé… Lockwood !

Le répertoire tourne lui aussi autour de l’univers de Grappelli. La plupart des thèmes ont fait partie de son répertoire : « Night And Day », « Tea For Two », « Just One Of Those Things », « Tiger Rag », « Honeysuckle Rose » etc. D’autres plages rappellent les ambiances qu’il affectionnait : « The End Of A Love Affair » chanté par Dee Dee Bridgewater, « As Time Goes By » avec une partie particulièrement émouvante jouée par Toot Thielmans, « More », une bossa nova interprétée en pizzicato… Enfin, une dernière évoque davantage son éclectisme avec le « Mouvement perpétuel » de Paganini, La « Méditation de Thaïs » de Jules Massenet, une « Valse du passé » signée Grappelli ou encore « C’est si bon » - souvent chanté par Jean Sablon - où D. Lockwood dialogue avec Martial Solal, venu épicer le tout. Le disque regroupe dix-huit morceaux et plus de soixante-dix minutes de musique…

D. Lockwood a invité un florilège de musiciens qui ont tous peu ou prou été en contact avec Grappelli lui-même ou avec sa musique. Hormis Lockwood qui fut l’un de ses « protégés », on retrouve Marc Fosset, Viret, Thielmans, ou Marcel Azzola, des « continuateurs » de l’esprit swing comme Romane ou - plus éloigné - Biréli Lagrène, des étoiles du jazz français qui l’ont côtoyé tels que Martial Solal, Daniel Humair, René Urtreger, André Ceccarelli, Riccardo Del Fra… et une nouvelle génération virtuose et pleine d’entrain qu’il aurait appréciée : les frères Enhco, Zacharie Abraham, Nicolas Charlier, Fiona Monbet… On ne peut les citer tous, mais ici, la quantité ne nuit en rien à la qualité !

Côté musique, vu la pléthore d’invités, For Stéphane propose une grande variété de styles : du swing à la démonstration virtuose de facture classique, en passant par l’énergie be-bop. Bien entendu les amateurs de free ou de fusion ne trouveront pas leur compte dans cette musique plutôt sage. Mais le point commun entre toutes ces contributions reste, comme chez leur inspirateur, l’enthousiasme et la passion pour une musique pleine de bonne humeur.

Le pan d’histoire que parcourt l’album, la variété et le dynamisme des pièces et les documents sur S. Grappelli font de For Stéphane un hommage multimédia qui intéressera tous les curieux, et qui mérite amplement sa place dans les discothèques.

Disque 1 : musique

1. « Night And Day » Cole Porter (4:48).
2. « Tea For Two » Vincent Youmans (2:28).
3. « The End Of A Love Affair » Edward C. Redding (3:56).
4. « Valse du passé » Stéphane Grappelli (3:42).
5. « C’est si bon » Ange Betti (3:08).
6. « Just One Of Those Things » Cole Porter (5:07).
7. « Someone To Watch Over Me » George Gershwin (5:08).
8. « More (Ti Guardero Nel Cuore) » G. Olivero & R. Ortolani (3:31).
9. « Mouvement perpétuel » Niccolo Paganini (1:01).
10. « Tiger Rag » Nick La Rocca (3:35).
11. « Miss Otis Regrets » Cole Porter et « A Nightingale Sang In Berkeley Square » Manning Sherwin & Eric Maschwit (5:48).
12. « I’ll Remember April » Gene De Paul (4:40).
13. « Honeysuckle Rose » Fats Waller & Andy Razaf (4:49).
14. « As Time Goes By » Erman Hupfeld (4:44).
15. « Sweet Georgia Brown » Maceo Pinkard, Bernie Ben & Casey Kenneth (2:46).
16. « Jazzuetto » Didier Lockwood (1:54).
17. « La méditation de Thaïs » Jules Massenet (5:18).
18. « The End Of A Love Affair » Edward C. Redding (6:21).

Disque 2 : fichiers informatiques

Audio

1. « Globe Trotter » Didier Lockwood (8:55).
2. « Bossa pour Didier » Stéphane Grappelli (3:54).

Vidéo

1. Making-off des séances d’enregistrement
2. Témoignages
3. Stéphane Grappelli et Didier Lockwood
4. Le jazz au violon

Autres

1. Extrait de Profession Jazzman, la vie improvisée, autobiographie de Didier Lockwood.
2. Trois portrait de Stéphane Grappelli par Didier Lockwood.