Chronique

Dune

Voyage au creux d’un arbre

Fanny Ménégoz (fl), Rafaël Koerner (dms)

Label / Distribution : Neuklang

Diversement entendue, et toujours avec pertinence, chez Magic Malik et sa Fanfare XP ou encore dans le Surnatural Orchestra, Fanny Ménégoz s’associe, avec Dune, à Rafael Koerner pour un duo flûte/batterie dont le dépouillement ne laisse pas soupçonner la richesse du propos.

La finesse et l’amplitude de jeu du batteur, justement retenu dans l’Orchestre National de Jazz de Frédéric Maurin (après être passé dans le Ping Machine du même Maurin) et membre de l’Anti Rubber Brain Factory, renouvellent régulièrement l’assise de ce duo par des climats variés dont la qualité tient autant aux constructions rythmiques proposées qu’à la manière de les faire résonner sur les fûts. En s’appuyant dessus, la flûtiste déploie une sonorité complète en exploitant pleinement les possibilités de son instrument. Sons feutrés ou éclatants, virtuosité et velouté des phrases sont les moyens de s’approprier un terrain d’investigation que l’association des deux musiciens travaille avec beaucoup de personnalité.

Car la technique instrumentale ne fait pas la seule qualité de ce duo. Bien au contraire. Les compositions rêveuses des deux signataires accrochent immédiatement l’attention et s’inscrivent dans la mémoire. L’interprétation de « Pointe de la courte dune » de Benoît Delbecq les place, de surcroît, dans le prolongement de l’univers raffiné du pianiste.

Par l’équilibre trouvé entre une dramaturgie soigneusement développée et des improvisations émancipatrices qui vivifient les morceaux, le duo se place dans une approche globale où tous les paramètres sont ajustés pour que la musique la plus éloquente, mieux que la performance, soit la seule ligne d’horizon à atteindre. La douce saveur, qui reste dans l’oreille une fois le disque terminé, confirme la réussite de cette perspective.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 12 septembre 2021
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