Chronique

Élise Dabrowski

Parking

Élise Dabrowski (voc) ; Fidel Fourneyron (tb) ; Olivier Lété (elb).

Label / Distribution : Full Rhizome

C’est un disque étrange, aux formes mouvantes et indisciplinées, comme si la musique qu’il contenait se modelait dans l’instant, fruit d’une confrontation directe hors de toute idée préétablie. Une création qui serait spontanée autant qu’imprévisible. Élise Dabrowski vocalise jusqu’à l’extase, dit des textes qui suggèrent ou racontent des histoires qui peuvent se terminer sur un coup de folie, elle semble parfois en mesure d’inventer son propre langage de rires, de cris et de larmes. Sa voix vient se poser sur la rondeur métallique d’une basse aux accents d’un lointain cousin rock, celle d’Olivier Lété. Entre elles deux vient s’insinuer le trombone de Fidel Fourneyron, musicien dont on sait la capacité à suivre des chemins de traverse, y compris en solitaire, comme ici le temps d’une pétulante « Gavotte » par exemple. Qu’on se le dise, Parking est un disque énigme, porteur d’un monde singulier parfois désabusé (« Avant je voulais changer le monde et maintenant je ne pense plus qu’à ma place de parking », dit la chanson titre sur un texte du dramaturge allemand Falk Richter), un mystère qu’il ne faut surtout pas chercher à résoudre. Il est une tentative d’hybridation des genres, sous l’impulsion d’une musicienne – chanteuse mais aussi contrebassiste – habituée des croisements et autres passages de frontières. Vous ne rattacherez ce court album (32 minutes) à aucune école parce qu’il n’appartient qu’à ce trio dont la formule est par ailleurs inédite. Avec ses allures de happening de l’intime, Parking est à la fois une question (ou plutôt une série de questions) et une réponse, qui vous appartiennent autant qu’à ces musiciens libres. C’est une musique qui s’insinue, doucement, mais non sans aplomb et élégance.