Scènes

Enthousiasmante Σummation de Sideris

Apostolos Sideris présente son enthousiasmante Σummation d’influences


Apostolos Sideris - Alice Leclercq

Concert de sortie le 19 novembre, au Sunside à Paris, de l’album Σummation, paru le 1er novembre 2019 sur le label espagnol Fresh Sound New Talent.
Le noyau dur formé du trio contrebasse, piano, batterie s’enrichit, dans l’album comme sur scène, de flûte ney, violon et percussions, pour un très beau projet multiculturel.

Parmi la collection dédiée à la nouvelle génération portée par le label barcelonais de Jordi Pujol - collection intitulée Fresh Sound New Talent - on a particulièrement accroché à l’album du contrebassiste grec installé à Istanbul, Apostolos Sideris.

Amoureux des musiques grecques, orientales, arabes, influencé par la musique égyptienne qui a nourri ses parents nés tous deux à Alexandrie, Apostolos Sideris a étudié à la Berklee School de Boston puis au City College de New-York. C’est à Boston qu’il a rencontré Leo Genovese, le pianiste argentin qui a longtemps accompagné Esperanza Spalding. Le trio piano basse batterie se forme avec le batteur grec Dimitris Klonis, qui s’est perfectionné aux Pays-Bas au Conservatoire d’Amsterdam puis à la Jazz Academy de Rotterdam.

Pour son album Σummation, qui désigne une riche addition d’influences, Apostolos invite le flûtiste d’origine italienne Andrea Romani, spécialiste de la fûte ney, le violoniste Giannis Poulios et le percussionniste Adel Christos Sagient.

C’est précisément dans cette configuration de sextet que la formation introduit le premier set, passé 21 h 30 au Sunside, par deux pièces aux thèmes méditerranéens. Entre violon orientalisant et flûte ney à l’unisson, solide ostinato à la contrebasse, on évolue du planant à une déferlante de percussions. Dès ces deux premières pièces, « Despina » (reine, en grec ancien) que le contrebassiste dédie à sa mère présente dans le club parisien, puis « Dream in a Dream », on est marquée par la solidité du duo Apostolos / Leo Genovese et la folie virtuose du pianiste.

Sans transition, le format se resserre sur le trio piano basse batterie pour deux pièces de jazz exigeant et de travail d’improvisation, sans les épices de la musique orientale. « Sober » et « Elephant in the Room » mettent en exergue le jeu ultra physique de Dimitris Klonis, qui nous fait penser à un boxeur sur ses cymbales – et encore, il a une main visiblement bandée.

Deux univers, donc, sont travaillés en parallèle dans le projet d’Apostolos : un format trio jazz et un format sextet métissé d’Orient.

Le temps pour Apostolos d’essuyer le manche de sa contrebasse dans l’étuve de la scène du Sunside et le sextet se reforme pour « La Danse occasionnelle », où le souffle onirique d’Andrea Romani à la flûte ney fait merveille sur une rythmique ultra-moderne.

Le second set nous emmène jusqu’à minuit, avec toujours cette alternance entre le format sextet et le format trio.

La pièce maitresse en sextet, notre coup de cœur de la soirée, s’intitule « Ramallah », toute en spiritualité orientale. Lui succède la pièce intitulée « Orbit » en format trio, faite de constructions et atomisations rythmiques savantes, conclues par une démonstration explosive du batteur.