Chronique

Eric Revis

Sing Me Some Cry

Eric Revis (b), Kris Davis (p), Ken Vandermark (ts), Chad Taylor (dm)

Label / Distribution : Clean Feed

Contrebassiste américain éclectique dans ses choix (aussi à l’aise avec Branford Marsalis, Kurt Rosenwinkel, le trompettiste Avishaï Cohen que Steve Coleman), Eric Revis privilégie une musique exclusivement audacieuse dès lors qu’il défend ses propres propositions. Entendu dans le trio sans leader Tar Baby, qu’il forme au côté de Orrin Evans et Nasheet Waits, il est garant d’un héritage afro-américain dans lequel la contrebasse n’est nullement reléguée au second plan mais joue un rôle de pilier mobile.

Attentif à l’interplay et à la circulation des idées, il aime s’entourer des mêmes partenaires et donne aujourd’hui suite à Crowded Solitudes (avec Kris Davis et Gerald Cleaver, 2016), In Memory Of Things Yet Seen (avec Bill McHenry, Chad Taylor et Darius Jones, 2014), City Of Asylum (avec Andrew Cyrille, Kris Davis, 2013) et Parallax (Jason Moran, Ken Vandermark, Nasheet Waits, 2012), tous sortis sur le label Clean Feed, avec un nouveau quartet qui réorganise les forces en présence.

Fidèle à un jazz roboratif dans lequel chaque voix impose son timbre sans souci de hiérarchisation, Sing Me Some Cry développe une musique ardente entretenue par le piano insistant et répétitif de Kris Davis à la fois lumineux et corrosif. Accroché à une puissante main gauche, les parties improvisées qu’il s’arroge sont soutenues voire aiguillonnées par la batterie décidée de Chad Taylor qui fait feu de toutes peaux et se glisse avec vigueur entre les lignes charnues de la basse. La palme de l’emportement revient toutefois au saxophone de Ken Vandermark. Avec un volontarisme sans faille, le Chicagoan procède à un nettoyage en règle qui entraîne toute le monde derrière lui et essore les neufs compositions d’un free-bop généreux et enthousiasmant.