Chronique

Erik Truffaz

Lune Rouge

Erik Truffaz (tp, flh), Benoît Corboz (clav), Marcello Giuliani (b), Arthur Hnatek (d), José James (voc on track 3), Andrina Bollinger (voc on track 9)

Label / Distribution : Warner Bros.

La discographie d’Erik Truffaz est une succession de mélanges entre son jeu de trompette si caractéristique – à la fois réservé et pourtant si présent – et des univers souvent surprenants. Entre le Mexique qu’il avait revisité avec Murcof ou l’Inde avec Indrani et Apurba Mukherjee, il parcourt allègrement le monde. Mais pas seulement, car il mélange les genres géographiques tout en faisant fi des frontières stylistiques. Certes, il n’est pas le seul – loin de là – mais il y a quelque chose de très caractéristique chez lui. Une décontraction, un mode musical qui ne se revendique pas haut et fort et qui en même temps est là, très présent. Les frontières stylistiques, il semble n’en avoir cure. Mexico ou Human Being Human par exemple, quand il s’associe avec la musique électronique, le beat-box quand il enregistre avec Sly Johnson, la variété vers laquelle il fait des pas en invitant Christophe, quand il ne regarde pas du côté du jazz-rock comme ce fut le cas avec Face-à-Face. La musique d’Erik Truffaz est celle d’un globe trotter qui parcourt le monde avec la discrétion des grands.

Dans Lune Rouge, son dernier album, il n’y a pas de thématique géographique, pas plus que stylistique. On n’identifie pas une contrée ou un mariage de genres. La musique a cette patte d’électronique à laquelle sont associés des instruments plus « classiques » – oulàlà que le terme est inadapté ici –, en l’occurrence la basse au groove impeccable de Marcello Giuliani – un historique dans les différentes équipes de Truffaz – et la batterie d’Arthur Hnatek. Les claviers, sous les doigts de Benoît Corboz, donnent cette touche d’électro douce. Quant à la trompette, elle est à l’égal de ce qu’on a pu entendre dans ses albums précédents : fine, suave, savoureuse.