Chronique

Étienne Manchon Trio

Weird Life

Étienne Manchon (p, kb), Clément Daldosso (b), Théo Moutou (d, perc, voc).

Label / Distribution : Kiwi Production

On avait repéré le trio du pianiste toulousain Étienne Manchon il y a quelques années, à la faveur de la sortie de son premier album, Elastic Borders en 2019. Depuis, ce jeune musicien a fait montre d’une belle santé, qu’il œuvre au sein des Fragments d’Yves Rousseau ou qu’il se mette en Congé spatial avec son complice saxophoniste Pierre Lapprand. Troisième rendez-vous triangulaire, Weird Life fait suite à Streets paru en 2022 (disque dont le directeur artistique était un certain Pierre de Bethmann) et renoue avec la formule initiale du trio (Clément Daldosso à la contrebasse et Théo Moutou à la batterie - ce poste étant occupé par Pierre Pollet sur l’album Streets). C’est une complicité de longue date qui est ici à l’œuvre pour dévoiler un répertoire composite inspiré par la vie d’un groupe en tournée, à travers une bonne dizaine de ce que l’on peut considérer comme des miniatures (la plupart des compositions sont d’assez courte durée) mettant en lumière le sens des couleurs d’Étienne Manchon, aussi à l’aise au piano qu’aux claviers électroniques. Il y a quelque chose de kaléidoscopique dans l’évocation de cette « vie étrange » qui puise son imaginaire à la source d’esthétiques multiples, quelque part dans un espace où le jazz au sens le plus classique du terme fait bon ménage avec ses avatars contemporains, aux confins du rock progressif et de l’école scandinave, quand la rythmique ne se pare pas de quelques couleurs drum’n’bass. Avec cette manière séduisante d’échafauder des mélodies, rampes de lancement d’échappées qu’on garde vite en mémoire.

Avec ses faux airs d’easy listening (ce qui n’est pas ici une critique, précisons-le, mais une manière de souligner le fait que cette musique se laisse très facilement apprivoiser), le petit monde du trio sonne toujours juste du fait de son appétit de groove et d’un appel rémanent à entrer dans une danse joyeuse, à l’énergie, pour se « donner des ailes » (clin d’œil au titre de l’une des compositions). Juste, oui, ce qui n’étonnera personne car du côté de Toulouse, on sait bien qu’un Manchon ne prendra jamais le risque du moindre canard. CQFD.