Chronique

Fade in Trio

Live Fast, Die a Legend

Federico Calcagno (bcl), Pietro Ellia Barcellona (b), Marco Luparia (dms)

Label / Distribution : Clean Feed

Symbole de la pétulance de la jeune scène transalpine, le Fade In Trio nous présente avec Live Fast, Die a Legend un premier album plein de promesses. Rencontre ancienne de la clarinette basse de Federico Calcagno et de la batterie de Marco Luparia avec la contrebasse assez sèche de Pietro Elia Barcellona, le Fade In Trio est un orchestre ouvert à tout vent. Passionné de musique contemporaine, ce que l’on perçoit dans un « Perpendicular Reality » aux accents braxtoniens, notamment dans le travail de la clarinette, il est aussi attaché à un groove puissant, direct, à l’instar de « L’Esterofilo » où la batterie construit un chemin complexe vers une une force collective particulièrement drue.

Collectif, c’est bien le mot qui définit le mieux l’orchestre ; difficile, dans le Fade In, de déterminer un leader. Bien sûr, on est tenté de mettre Calcagno en avant, tant le son de la clarinette basse donne à ce Live Fast, Die a Legend une couleur particulière qui fera immanquablement songer à certains disques de Joris Roelofs - une direction qui se confirme par le fait que deux des trois musiciens résident aux Pays-Bas, décidément lieu de rencontre de plus en plus prégnant dans le jazz européen. Mais ce serait faire abstraction de l’incroyable complicité qui unit Barcellona et Luparia.

Le contrebassiste, très expressif et brillant à l’archet (« Requiem », que soulignent avec douceur quelques objets inopinés errant sur les tambours) est souvent celui qui induit les couleurs, ou plus particulièrement leurs nuances. Quant à Luparia, il est l’architecte des échanges, qu’il ne cherche ni à dominer, ni à étouffer. Ainsi « Tachkynesia », qui débute sur le soliloque de Calcagno, constitue une vraie démonstration d’unité de la base rythmique.
Au-delà, même, ce morceau est un modèle de fluidité, qui annonce de beaux lendemains pour ces jeunes musiciens à suivre. Notamment Marco Luparia, actuellement au CNSM, après des études à La Haye : au-delà de son travail dans le trio, on sait le jeune homme passionné par les rapports entre la percussion et l’électronique dans des soli remarqués où la surface (usage de porcelaine notamment) a toute son importance. Le label portugais Clean Feed ne s’y est pas trompé en produisant cet album d’un orchestre foncièrement européen dont on n’a, gageons-le, absolument pas fini de parler.

par Franpi Barriaux // Publié le 18 décembre 2022
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