
Federico Calcagno Octet
Mundus Inversus
Federico Calcagno (bcl, cl), Nabou Claerhout (tb), José Soares (as), Pau Sola Masafrets (cello), Aleksander Sever (vib), Adrian Moncada (p), Pedro Ivo Ferreira (b), Nikos Thessalonikefs (dms).
Label / Distribution : Habitable Records
Musicien actif qui a à cœur de renouveler le langage des musiques improvisées, Federico Calcagno a mis en scène ses aspirations musicales et sociales dans Mundus Inversus qui questionne l’instabilité mondiale. Des références à Jérôme Bosch ainsi qu’au tarot, avec la carte paradoxale du pendu, s’immiscent dans sa musique. La thématique du monde inversé préfigure une loi de la gravitation appliquée à l’envers mais des allusions à la hiérarchie qui bascule font partie du discours musical proposé.
Lorgnant souvent vers une forme de théâtralité, Mundus Inversus permet à des musicien·ne·s de se mettre en évidence, tout d’abord la jeune Nabou Claerhout qui apporte ses contrechants bénéfiques à l’écriture complexe. Elle irradie merveilleusement « Recovery », affirmant sa créativité ainsi que l’énergisant « The Other Side Of Silence » écrit par le pianiste Adrian Moncada. Le vibraphoniste Aleksander Sever est l’un des pivots centraux de l’orchestre, il sait comment contribuer au développement de ses coloris sémillants, ce qui permet à une composition comme « Perseverance » de s’affranchir d’une certaine rigidité. De nombreux enchevêtrements musicaux privilégient les aspérités, les tensions superposées l’emportent souvent sur l’aspect mélodique. José Soares au saxophone alto et Pau Sola Masafrets au violoncelle affichent leur excellente complémentarité au sein de nombreuses interventions.
Federico Calcagno a composé sept des huit pièces. Il déborde sans cesse d’imagination, mais l’approche essentiellement intellectuelle de sa musique ne permet pas toujours d’intégrer aisément les facteurs émotionnels. L’ouverture de l’album est très significative : « Liquid War » dévoile une ambiance sombre avec ses télescopages instrumentaux qui cherchent à éviter toute orientation vers des paysages sonores apaisés. La conception rythmique ambitieuse en termes de technicité présente une linéarité qui assoit l’esthétique de l’album. « The Hanged Man : Ego Sacrifice » est plus contrasté, le langage harmonique s’orientant alors vers un jazz plus conventionnel étoffé par la frappe astucieuse du batteur Nikos Thessalonikefs, bien épaulé par la contrebasse de Pedro Ivo Ferreira.
À l’image d’un monde qui se désagrège, la rigueur de Mundus Inversus affirme une structure narrative singulièrement ténébreuse.