Scènes

Fête des jazz 2001

La 2éme Fête des jazz se déroule du 27 avril au 8 mai, à la Foire de Paris, Parc des Expositions
Porte de Versailles.


Pour la deuxième fois, la Foire de Paris accueille le festival de jazz organisé et dirigé par André Francis : la Fête des Jazz. Malgré le demi-siècle de bons et loyaux services au jazz, André Francis a rempilé pour cinquante ans. Cet infatigable défenseur de la musique a réussi le pari fou de créer, puis de faire perdurer un festival de jazz à Paris.

Pari fou ? Oui, si l’on considère ce festival sous trois angles déterminants : la musique, le public,
l’espace.

En ce qui concerne la programmation, le fait est là, ce festival n’a pas à rougir de son appellation. Jazz il l’est, définitivement. Pas de faux-semblants, pas de programmation faussement jazzy ou
carrément pop pour « attirer » un public jeune. Non, ici toutes les tendances du jazz sont représentées : du New Orléans à l’électro-jazz en passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les musiciens, nombreux puisqu’ils sont 615 à venir jouer au sein des 115 formations programmées, sont pratiquement tous français. Chauvinisme ? Non. Choix artistique. C’est la fête des jazz en France. Musicien français ne signifiant pas musique française, quatre journées sont consacrées à quatre thématiques musicales : la journée « génération Jean-Michel Pilc », le 29 avril,
esquisse un état des lieux autour du lauréat du Prix Django Reinhardt 2001. La journée « des femmes des jazz », le 1er mai, comme son nom l’indique, présentera des musiciennes. La journée
« autour de la batterie », le 6 mai, se passe de commentaire : Simon Goubert, André Ceccarelli, Daniel Humair et Bertrand Renaudin. Enfin, le 8 mai, c’est Miles Davis qui sera à l’honneur, (2001, c’est l’année Miles…).

Autre pari, celui du public. En effet, la fête des jazz se déroule en plein cœur de la Foire de Paris, symbole haut en couleur d’une société de consommation, véritable « ville-supermarché ». Pourquoi diable un festival de jazz, musique si pure et si éloignée de toute considération financière, se déroule-t-il dans cet enfer populaire où passent, affairés, de sourds consommateurs en pleine débauche matérielle ? Ben justement, c’est pour ça… Car les foires, depuis la nuit des temps, sont aussi lieux de divertissement. Et quelle autre opportunité aura cette famille, pour qui le jazz n’évoque qu’un parfum ou un service bancaire, de se retrouver face à l’orchestre de Laurent Dehors, de Marcel Zanini ou de Laurent de Wilde ? Les chiffres parlent, puisque d’après un sondage réalisé l’année précédente, 25% des visiteurs ont assisté à au moins un concert et 76% à une partie de concert. Le vrai problème, ici posé (et résolu…), concerne ceux pour qui le jazz ne
doit pas sortir des lieux cultes : les spécialistes de tous poils qui ne supportent pas ce mélange arrogant de leur musique sacrée et de la masse consommatrice. Qu’ils se rassurent, s’ils viennent, personne ne les reconnaîtra… Bien sûr, pour les amateurs, ce festival est une aubaine. Pour une soixantaine de nos francs, moins de dix euros, ils pourront assister à 8 ou 9 concerts par jour, parades comprises. Et en plus, ils pourront aussi faire leurs courses à la Foire.
Du « deux en un » en quelque sorte !

Enfin, le dernier pari, celui de l’espace, était de faire jouer simultanément plusieurs orchestres. Ainsi, deux scènes en plein air, une scène club et des fanfares mobiles permettront, sans se gêner, de présenter quatre concerts simultanés. Stratégiquement placées, les scènes verront passer pratiquement la totalité des 800 000 visiteurs attendus… dont 608 000 (76%) écouteront au moins une partie d’un concert !

À bon entendeur, salut.