Le jazz a sa tribune depuis 2001

Edition du 24 mars 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Feuilleton : Quel avenir pour Uzeste Musical ?

Communiqué : 10 octobre 2007

BAISSE DE SUBVENTION CONFIRMÉE
"La subvention versée par le Conseil général de la Gironde à la Compagnie
Lubat au titre de 2007 sera bien de 35 000 euros, soit une baisse de 50% par rapport aux années précédentes. La commission permanente réunie lundi a confirmé la décision annoncée cet été par le Département, dont les
relations avec l’artiste se détériorent depuis quelques années.

Cette situation avait conduit le créateur d’Uzeste Musical à déménager cet
été le festival dans les Landes. "Il faut retrouver la sérénité autour de ce
dossier« , plaide aujourd’hui Jean-Jacques Paris », conseiller général
communiste. Lundi, il a proposé la tenue d’une table ronde réunissant
Bernard Lubat, la Région, la DRAC et le Département. Annonce parue dans le journal Sud Ouest du 10 octobre 2007.

Lire les éléments du débat


Communiqué (14 septembre 2007) :

Chers amis,
Chers adhérents de l’association Uzeste Musical,
Chers militants,
Chers investisseurs (?)

L’Atelier-théâtre de la Menuiserie (Uzeste), est à vendre.

Construit sur les ruines d’une ancienne menuiserie, il est devenu en vingt
ans, le lieu d’accueil des activités du « visage village des arts à l’œuvre »
 : résidence artistique, école de musique, théâtre, atelier, studio, bureaux,
jardin…

Aujourd’hui, empêchés de continuer à l’entretenir et à y travailler, nous
sommes contraints de le quitter.

Nous avions prévu de le vendre, et de concentrer l’ensemble de nos activités
sur le Transartistic Café L’Estaminet, à Uzeste. Jusqu’à ce que plusieurs
personnes s’émeuvent d’une situation qui priverait Uzeste Musical de la
Menuiserie et des possibilités qu’elle offrait.

Nous avons donc réfléchi une autre proposition qui pourrait être la vente de
55 parts sociales de la Société Civile Immobilière (SCI) propriétaire du
bâtiment. La part sociale est estimée à 2 250 euros. Si nous trouvons
quelques « acheteurs » intéressés, cela permettrait à Uzeste Musical de
conserver la Menuiserie pour ses activités.

L’urgence nous oblige à agir très très rapidement. Si quelques envies ou
intérêts pour l’achat de « part sociales » se manifestaient, nous serions très
heureux de les recueillir au plus vite et de les renseigner. L’important
étant que le projet Compagnie Lubat / Uzeste Musical continue d’exister.

Avec nos cordiales salutations.

Alain Chiaradia
Compagnie Lubat de Gasconha /
Uzeste Musical visage village des arts à l’oeuvre
4 rue Faza - 33730 Uzeste
téléphone : 05 56 25 38 46
télécopie : 05 56 25 36 12
e-mail : cie.lubat@uzeste.org


Communiqué (28 août 2007) :

Quelques gouttes de doute au mois d’août
Quelques gouttes de tendresse, d’innocence, d’ignorance, d’insolence
Quelques gouttes de doute, pour la route
Trente ans, trente ans, le temps n’a pas d’âge.
Le temps qui danse…
À l’an prochain
(Bernard Lubat, dimanche 19 août 2007).

"C’est par le « Chaos[s] éra Tout-Monde » et un bouleversant final que s’est
achevée dimanche soir sous les chênes et les pins, sur la rive du Leyre, la
30e édition de la Hestejada de las arts d’Uzeste Musical". En ligne et sur RadioTéléUz :

  • les photos,
  • les débats, rencontres, discussions,
  • la revue de presse

Le débat sur l’art et la culture continue


Programme :

  • Jeudi 16 août - Saint Symphorien
  • 17h00 - Médiathèque municipale
    Les entretiens d’Uzeste : « L’artiste, cet instinctellectuel »

Aujourd’hui, self’spliquant sur le sujet Bernard Lubat, anartistisan poïélitique du XXIe siècle, citoyen amusicien pataphysicien jazzconcubin tout va bien (sous-pape d’Uzeste avec qui, paraît-il, certain(e)s responsables élu(e)s ou nommé(e)s ne peuvent (!) ne veulent (?) ni pique-niquer, ni vide grenier, ni dormir, ni manger !). En contrepoint, lectures à dire : Nathalie-Dalilà Boitaud, Isabelle Loubère, et contes là-dessus : René Martinez.

  • 19h00 Cercle ouvrier
    Apéro citoyen républicain
    Discours d’accueil : Alain Delmas (président d’Uzeste Musical), Bernard Lubat (direction poïélitique d’Uzeste Musical), Guy Dupiol (maire de
    Saint-Symphorien).
  • 21h30 Cercle ouvrier - rencontre remue méninges
    Divertisavertissement transartistique : La Compagnie Lu…bat la campagne…
    (v) otez Lubat ! l’insoliste utopiste d’Uzeste, l’homme qui déplace les bornes, qui se pré-occupe de celles et ceux qui le regardent alors qu’il n’est même pas élu de quoique ce soit, pas si simple citoyen électeur (imprésentable !), qui n’a donc aucune légitimité « supérieure », et qui, comme dirait Pierre Dac, « ferait mieux de la fermer avant de l’ouvrir ».
  • Vendredi 17 août - Sore
  • 10h00 Derrière l’église
    « Les entretiens d’Uzeste » Atelier politique
    Monique Chemillier-Gendreau (juriste internationale, professeur émérite à l’université Paris VII - Denis Diderot), Jack Ralite (sénateur, ancien ministre, ancien maire d’Aubervilliers, fondateur des Etats généraux de la culture).
  • 12h00 Place de la République - Scène d’en haut
    Apéro solidarité

Discours d’accueil des hôtes de la 30e Hestejada : Max Roumégoux (maire de Sore) et son conseil municipal. Remerciements de la présidence d’Uzeste Musical, Alain Delmas et de la direction artistique, Bernard Lubat et Compagnie Lubat

  • 14h00 Salle des fêtes - Projection
    Improvista : Michel Portal / Bernard Lubat
    Un film de Pascal Convert (LJP 2006, 80’)
  • 15h00 Place de la République - Scène d’en haut
    Michel Ducom et le Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN) proposent des jeux d’écrire à dire, polyrythmés d’expressions d’artistes. Vanina Michel (chant, piano, compositions, textes de Jacques Prévert), Philippe Laval (guitare, compositions, musique contemporaine), Lucie Fouquet
    (chant lyrique, chansons des années trente) / Medhi Allam-Picavais (piano, Debussy/Chopin).
  • 15h30 Salle des fêtes - projection
    Fumel, de feu, de fer, de rock
    Un film de Jacques Mitsch et Jean-Christian Tassy (France, 2006, 52’).
  • 16h30 Salle des fêtes - projection causerie
    Artistes & Associés invite la Cinémathèque de la danse : carte blanche à Xavier Baert (programmateur), en présence de Georges Didi-Huberman (Historien de l’art et philosophe).
    • « Trésors de la Cinémathèque de la Danse » (60’) Programme comprenant des images de styles et d’époques très diverses : Imitatrices de Loïe Fuller, films Lumière, films sur le music-hall, Josephine Baker, William Forsythe, Carmen Amaya, comédies musicales, jazz, rock’n roll… « Rythmes » (25’)
    • Thierry De Mey, Anne Teresa De Keersmaeker, Tapdancers : Bill Robinson, Bunny Briggs, Nicholas Brothers.
      « Burlesques » (30’)
    • Courts-métrages autour des danses serpentines, Fatal Footsteps de Charley Bowers (Etats-Unis, 1926)
    • « Transformations » (65’)

Films expérimentaux de Pascal Baes, films musicaux, pièces de Christian Rizzo, chefs d’oeuvres de la culture pop.

  • 19h00 Parc du presbytère

Les rendez-vous de Gilles Defacque et du théâtre du Prato (théâtre international de quartier, Lille).

  • 20h00 Parc du presbytère
    Lecture de Cap au pire de Samuel Becket, par Martine Amanieu.
  • 21h30 Salle des fêtes - projections
    Silence dans la vallée
    Un film de Marcel Trillat (VLR Productions 2007, 82’). Musique de Bernard Lubat. Rencontre débat avec le réalisateur à l’issue de la projection.
  • 23h30 Salle des fêtes - projections
    « Alain Gibertie vivant »
    Un film de Patrick Rebeaud (La Vie est belle productions, France 2001).
  • 1h00 Scène d’en haut - suivez le boeuf
    Jazzcogne club.
  • Samedi 18 août - Sore
  • 10h00 Derrière l’église
    « Les entretiens d’Uzeste » : Atelier politique
    Monique Chemillier-Gendreau (juriste internationale, professeur émérite à l’université Paris VII - Denis Diderot), Jack Ralite (sénateur, ancien ministre, ancien maire d’Aubervilliers, fondateur des Etats généraux de la culture).
  • 12h00 Cercle de la paix - conférence débat
    Rebond sur le film « Alain Gibertie vivant ». Patrick Rebeaud, Pierre Labrot, Michel Ducom.
  • 13h00 Cercle de la paix - apéro swing à caustique
  • 14h00 Salle des fêtes - projection communication
    40 000 à Pau ?,
    un film de Xavier Pajot (43’, 2006).
  • 15h00 Scène d’en haut
    René Martinez, Michel Etchecopar, François Rossé.
  • 15h00 Salle des fêtes - projection
    « Risque Rythme » Artistes & Associés (1h30, 2007)

D’après une conférence de Georges Didi-Huberman accompagnée d’une chorégraphie du danseur de baile jondo Israel Galvan.

  • 16h30 Scène d’en haut - poil à gratter
    C’est quoi être de gauche cette année ?

Bernard Lubat pose la question à qui saura prendre le risque de ne pas savoir quoi répondre (question posée à des artistes, responsables
politiques, syndicaux, élus de la nation, auditeurs, spectacteurs, hestejadeurs, campeurs…)

  • 17h00 Salle des fêtes - projection
    Artistes et associés : Images-visages

    10 minutes de vie,
    un film de Herz Frank (10’, 1978).
    Nous bâtissons des maisons et traçons des chemins, un film de Sara Millot (50’, 2007).
  • 17h30 Scène d’en haut - forum concert
    Conduit par la NVO et le GFEN, L’engagement dans tout ses tiers-Etats. L’engagement aujourd’hui c’est quoi ? Engagement syndical, politique, artistique, associatif. Contrepoint artistique : Fabrice Vieira / Juliette Kapla, D’de Kabal, Yves Béal, Denis Cacheux, Marc Perrone.
  • 19h00 Parc du presbytère
    Les rendez-vous de Gilles Defacque et du théâtre du Prato (théâtre international de quartier, Lille).
  • 19h00 Salle des fêtes - projection
    « Des nouvelles de la machine à improviser » par Marc Chemillier (informaticien, chercheur à l’IRCAM).
  • 20h00 Parc du presbytère
    Lecture de Cap au pire de Samuel Beckett, par Martine Amanieu
  • 20h00 Cercle de la paix - apéro swing
    Les durs à cuivre
    François Corneloup (saxophone), Antonin Gerbal (saxophone), Pierre Borel (saxophone)
  • 22h00 Scène d’en bas - concert manifeste
    Pour qui vivotons-nous ?
    Improètes musiciens, faites vos improvisions. Décollez des étiquettes, évadez-vous des genres établis (bons ou mauvais). Improvisionnez l’art musical à venir… maintenant !

Isabelle Loubère, François Corneloup, Beñat Achiary, Ramon Lopez, Bernard Lubat, Fabrice Vieira, Pierre-Antoine Badaroux, Antonin Gerbal, Clément Janinet, Pierre Borel, Alexis Pivot (lauréats 2007 du conservatoire national supérieur de musique et danse de Paris - département jazz et musique improvisée), Chico Manseri, D’de Kabal, Nathalie-Dalilà Boitaud, Fawzi Berger, Yoann Scheidt.

  • 0h00 Scène d’en haut - dancing live remix
    La Compagnie Lubat en Jazzbalalalubat
  • Dimanche 19 août - Sore
  • 10h00 Salle des fêtes
    « Les entretiens d’Uzeste » : Atelier politique
    Monique Chemillier-Gendreau (juriste internationale, professeur émérite à l’université Paris VII - Denis Diderot), Jack Ralite (sénateur, ancien ministre, ancien maire d’Aubervilliers, fondateur des Etats généraux de la culture). En introduction : Réfutations, un film de Thomas Lacoste, rédacteur en chef du Passant Ordinaire (2007, 66’), en présence du réalisateur.
  • 14h00 Salle des fêtes - conférence projection
    « Les mathématiques naturelles », par Marc Chemillier
  • 14h00 Scène d’en haut - espace NVO - débat
    La démocratie culturelle

avec Frank Guillaumet (responsable du collectif politique culturelle confédérale CGT), Jean-Philippe Martinez (rédacteur en chef de la NVO), Michel Ducom, Bernard Lubat, François Corneloup.

  • 15h00 Scène d’en bas - doléances
    Meeting poïélitique

Musiques solidaires en forme enjazzées et en colère
Sylvain Roux, François Rossé, Michel Etchecopar, Antonin Gerbal, Pierre-Antoine Badaroux, Vanina Michel, Philippe Laval, Louis Lubat, Thomas Boudé, André Minvielle, Didier Petit, Marc Perrone, François Corneloup, Patrick Auzier, Clément Janinet, Pierre Borel, Gilles Defacque.
Les Chansons enjazzées de la Compagnie Lubat

  • 20h00 Scène d’en haut
    Apéro
  • 22h00 Scène d’en bas - fin de partie
    Chao(s)péra Tout-Monde

Processus transartistique de créolisation. Principe actif : art de l’improvisation, art de la composition instantanée mult’immédiate. Pas de genèse, les commencements viennent de partout. Entremêlement, diversité, tremblement de la pensée d’Edouard Glissant, la Compagnie Lubat sème la danse. Patrick Auzier fout le feu aux ténèbres, avec Julien Gourbeix et Mickaël Baril

Beñat Achiary, Ramon Lopez, Fabrice Vieira, Fawzi Berger, Nathalie-Dalilà, Boitaud, Isabelle Loubère, Michel Etchecopar, Michel Ducom, Lucie Fouquet, Juliette Kapla, François Corneloup, Louis Lubat, Thomas Boudé, Raphaëlle Camus, Pierre-Antoine Badaroux, Antonin Gerbal, Clément Janinet, Pierre Borel, Alexis Pivot.

  • 0h00 Scène d’en haut
    Le Bal de Perrone

Communiqué (8 août 2007) :

[Ci-dessous] un texte de Jean-Michel Lucas « CG 33 : Le K / opéra administratif ! » concernant la « 30e Hestejada de las arts d’Uzeste Musical ». Une façon de resituer les problèmes art/politique dans le contexte des politiques publiques de la culture.

Pour information, Jean-Michel Lucas (administrateur de l’association Uzeste
Musical, militant de l’action culturelle sous le pseudonyme de Doc Kasimir
Bisou), participe depuis plusieurs années de la réflexion sur la refondation
des politiques culturelles publiques.

[Il est docteur d’Etat ès sciences économiques et maître de conférences à
l’université Rennes 2 Haute-Bretagne dont il fut le vice-président de 1982 à
1986. Conseiller technique au cabinet du ministre de la Culture Jack Lang de
1990 à 1992, il y impulsa notamment le programme « Cafés Musiques ».

Nommé Directeur régional des affaires culturelles d’Aquitaine en 1992, il mit en place une politique culturelle d’Etat en étroit partenariat avec les
collectivités locales, et avec comme préoccupation de valoriser la place de
la culture dans les politiques de la ville et des territoires ruraux.]

Alain Chiaradia

Le texte :

CG 33 : LE K - – Opéra administratif ! –
Communiqué du conseil général de la Gironde - 13 juillet 2007

Le Conseil Général de la Gironde a engagé ces dernières années une politique culturelle et artistique ambitieuse. Celle-ci passe notamment par le soutien aux compagnies, aux lieux de diffusion, aux festivals, à l’émergence de
nouvelles pratiques, à la professionnalisation et à l’emploi.

Les Scènes d’été en Gironde occupent une place particulière et originale dans le paysage culturel girondin avec des manifestations de qualité organisées sur tout le territoire départemental dans un souci d’ouverture, de découverte, d’éducation et de convivialité.

Le travail de concertation permanent, le dialogue établi avec les professionnels, les modalités de l’aide financière donnent satisfaction à la majorité des opérateurs dans une contribution partagée.

La Compagnie Lubat, emblématique et au succès reconnu, bénéficie depuis longtemps d’un appui important du Conseil Général de la Gironde. Sur cette même période, les responsables de la Compagnie se sont appliqués à
réfuter, contester la politique départementale tout en maintenant leurs exigences financières.

Nous ne pouvons aujourd’hui que constater le refus des responsables du Festival de s’inscrire dans un projet départemental ouvert. Elle n’a
d’ailleurs pas souhaité participer aux Scènes d’Eté en Gironde et son positionnement dans l’animation territoriale reste conflictuel.

Constatant avec regret cette attitude et la volonté de la Compagnie Lubat de ne pas retenir les propositions du Département, ce dernier a néanmoins décidé de poursuivre l’aide à la création par une subvention qui sera présentée à une prochaine Commission Permanente.

Cette ouverture renouvelée marque la volonté du Conseil Général de la Gironde de poursuivre l’aide à la création et la reconnaissance d’artistes
de talent.

Le Conseil général de la Gironde a annoncé sa décision de réduire fortement son aide à l’association Uzeste Musical : 35 000 euros au lieu de 70 000 euros. Dans un communiqué, il explique sa position mais, en lisant et
relisant les arguments, une seule certitude vient à l’esprit : la politique culturelle du département est incompréhensible ! On s’en aperçoit dès le début du communiqué. Dans une langue de bois aussi parfaite que banale, on lit un curieux plaidoyer pour l’action culturelle du département. On nous dit que l’argent du contribuable sert à soutenir les « manifestations de qualité », dans « un souci d’ouverture, de découverte, d’éducation et de
convivialité. » Voilà bien une affirmation étrange : il y aurait au Conseil général de la Gironde des élus qui auraient, par les vertus de la démocratie représentative, la compétence pour distinguer les manifestations artistiques de « qualité » et celles qui ne le sont pas ! Bel exploit ! Grâce aux votes des citoyens, les élus sauraient, par leur fonction, sélectionner les « manifestations » artistiques qui ont le « souci de la découverte » ! Des élus qui sauraient aussi rejeter au bas de la liste, les manifestations qui ne seraient pas « ouvertes », qui seraient donc « fermées », « conformistes », engoncées dans la tradition ! Par quel miracle républicain, l’élu parvient-il à éviter l’arbitraire en classant, dans les arts en train de se faire, le « bon » et le « mauvais », la « découverte » et le banal, « l’ouverture » ou la reproduction du même ?

Poser la question, c’est immédiatement avoir la réponse : aucun élu ne prétend détenir cette compétence artistique par le seul fait qu’il est élu ! ! ! Par conséquent, qui possède ce mystérieux pouvoir de hiérarchiser la
qualité des manifestations, au nom de l’intérêt général ? On s’en doute : les élus s’appuient sur les avis de leurs techniciens spécialisés, mais cette réponse revient à reculer pour plus mal sauter encore, car l’explication ne
lève pas le doute sur l’arbitrarité des choix par les politiques ?

Chacun sait qu’en matière artistique, les choix demeurent une affaire de subjectivité, même bien documentée. Avec ce recours obligé à l’avis des techniciens, la décision politique, continue d’être empreinte de partialité et,
pire encore, elle s’accompagne d’une absence totale de transparence. Les avis des conseillers sont confidentiels, secrets, jamais assumés en débat public, jamais liés au moindre mandat transparent. Voilà donc des élus prisonniers volontaires d’un dispositif de hiérarchisation des manifestations artistiques qui reste et demeure « subjectif », « arbitraire », « secret » et « sans débat » ! Autrement dit, le portrait d’un pouvoir culturel appliquant la logique du despotisme éclairé ! Suivez nos bons guides artistiques départementaux, vous serez « ouverts » et « découvreurs » du monde ! Quel archaïsme, alors que le PS se dit régulièrement tenté par la démocratie participative !

Le dispositif est tellement douteux que le communiqué préfère éviter la polémique sur le sujet de la « valeur artistique » de la « compagnie Lubat » : le Conseil général reconnaît donc la nécessité d’une aide pour cet
« artiste de talent ». Comme si de rien n’était ! ! ! Mais, soyons logique, puisque la subvention est deux fois moins élevée que l’an dernier, c’est que Bernard Lubat est aux yeux des techniciens « secrets » du Conseil général, deux fois moins talentueux que l’an dernier ! On a donc hâte de voir l’allure du thermomètre utilisé par l’assemblée départementale pour mesurer la hauteur annuelle du « talent » artistique de la compagnie Lubat et celle des autres artistes de la Gironde !

Avant que ce piège de la subjectivité, de l’arbitraire et de l’absence de transparence ne se referme sur ce despotisme éclairé au petit pied, on entend, dans les couloirs du pouvoir, d’autres arguments apparemment
plus compréhensibles.

Monsieur Péringuey a ainsi plaidé pour une réduction de la subvention à Lubat pour deux raisons : la première est que les associations culturelles locales se plaignent d’avoir moins de subventions que le festival d’Uzeste et demandent un rééquilibrage en leur faveur. Cet argument revient à dire que toutes les pratiques artistiques se valent et, par conséquent, il annule l’argument du communiqué qui nous dit que la politique culturelle départementale ne retient que de la « qualité », la « découverte » et « l’ouverture », sans tenir compte des arrangements entre amis dans les cantons où naissent les électeurs des conseillers généraux !

Le second argument est tout aussi gênant : c’est celui de la fréquentation d’Uzeste musical. Monsieur Péringuey considère que le festival est fini car dit-il, il n’a plus de public. Regardons cela de plus près : moins de public, cela veut dire moins de clients ! Entendre cet argument reviendrait à dire qu’un bon festival est un festival qui compte le maximum de consommateurs ! Consommateurs ravis, audimat en hausse, électeurs contents, ayant dépensé beaucoup d’argent chez les commerçant heureux !

Eté des festivals : à la fois syndrome des jeux à la romaine et syndrome de Bilbao ! L’investissement du département dans la culture devient utile, une bonne affaire en somme, et, puisque les « gens » sont satisfaits, le
politique n’a pas à se préoccuper des valeurs culturelles !!! Faute de « sens », de « valeur » et donc de « débat », voilà la politique culturelle départementale rattrapée par l’esprit marchand ! Retour au libéralisme de la
« rentabilité » avec sa logique du retour sur investissement. Déjà régie par le despotisme éclairé, elle est aussi marquée du sceau du « petit commerce », rayon « boutiquier de saison touristique » !

L’argument de la baisse de fréquentation est donc dangereux pour un département socialiste et le communiqué du conseil général de la Gironde se garde de le reprendre à son compte, laissant à Monsieur Péringuey le soin
d’aller seul au charbon.

Par contre, l’institution départementale mentionne un autre argument : celui de la désobéissance civile. Le département est souverain et ceux qui contestent sa politique doivent s’attendre à être exclus de tout subventionnement. La phrase utilisée par le communiqué du Conseil général vaut son pesant de moutarde : les responsables de la Compagnie se sont appliqués à réfuter, contester la politique départementale tout en
maintenant leurs exigences financières. « Réfuter », « contester », ces termes sont bien bizarres ! ! Dans la bouche de cette institution démocratique qu’est le Conseil général, « contester » et « réfuter » seraient-ils interdits ? Ne pas être d’accord ferait-il « mauvaises graines », « méchants garçons » pas gentils et à punir !

Les communicants manquent parfois de recul et ont oublié les veilles lunes de Maurice Druon, fustigeant les artistes contestataires (qui voulaient détruire
les institutions de notre société, disait-il) et justifiant, pour cause de contestation politique, son refus de leur attribuer des subventions ! A l’échelle départementale, on se contente de la contestation de la politique culturelle
et de couper la subvention en deux ! Mais, c’est pareil : le pouvoir culturel ne se partage pas et la décision publique en matière de politique culturelle ne se co-construit pas !

On aurait compris si le Conseil général, en tant qu’instance élue démocratiquement avait dit : « Nous avons fixé des priorités politiques, objectives, incontestables, transparentes et évaluables selon des règles partagées et co-élaboréesavec les citoyens et les acteurs culturels… ».
Mais ici, en régime de despotisme éclairé, on ne peut pas comprendre la prétention du conseil général de la Gironde à exiger le silence sur des priorités pour les arts et les cultures qui sont autant imprégnées de subjectivité, d’arbitraires, de non transparence et dont les tendances boutiquières sont trop marquées pour passer pour un modèle de démocratie ! Interroger cette politique, la contester, la réfuter, proposer des alternatives en terme de laboratoire d’expérimentations artistiques et d’émancipation des personnes, loin des festivals « gaveurs », ne peut pas faire de mal à une démocratie vivante. En tout cas, punir les dits « contestataires » pour désobéissance fait un peu trop Maurice Druon et sa sébile pour que Philippe Madrelle ne revienne pas sur sa décision en faisant re-rédiger un nouveau communiqué rendant plus compréhensible la politique culturelle départementale et l’incitant à
devenir moins datée. Et que l’on ne nous dise pas, comme tente de le faire le communiqué, que tous les offreurs de culture applaudissent la politique départementale. Ce serait confondre l’idée de « consultation » des acteurs avec celle de « co-construction », ce serait défendre une conception de la démocratie bien rétrograde, en matière de diversité des arts et des cultures.

Jean-Michel Lucas, 3 août 2007
http://www.uzeste.org

Rappel pour les élus d’aujourd’hui qui auraient la mémoire sélective : « Que l’on ne compte pas trop sur moi pour subventionner par préférence,
avec les fonds de l’Etat, c’est-à-dire l’argent des contribuables, les expressions dites artistiques qui n’ont d’autre but que de détruire les assises et les institutions de notre société. Les gens qui viennent à la porte de ce ministère avec une sébile à la main et un cocktail Molotov dans l’autre devront choisir ».

Maurice Druon, ministre de la culture le premier mai 1973.
Extrait de Pierre Cabane : Le Pouvoir Culturel, édition Olivier Orban, 1981.


Communiqué (4 août 2007) :

30e HESTEJADA DE LAS ARTS D’UZESTE MUSICAL


« SERVICE MINIMUM »
DROLE D’ÉTÉ DE LA COMPAGNIE LUBAT !

  • Le 16 août à Saint-Symphorien (Gironde) - 15h
  • Du 17 au 19 août à Sore (Landes)

transartisticités mondialités créolisation individuation improvisation
composition déconstruction

ASPECTACLES MANIFESTIFS / CHAOS’PÉRA / POUR QUI VIVOTONS-NOUS ? / JAZZBAL

GASCONCUBIN / APERO POÏÉLITIQUES / CONFERENCES / PROJECTIONS / DEBATS / AGORA / FORUM…

Liste des solidarités solitaires salutaires (non exhaustive) :

Edouard Glissant, Patrick Auzier, D’De Kabal, Chico Manseri,
Jack Ralite, Monique Chemillier-Gendreau, Pascal Convert, Georges
Didi-Huberman, Michel Portal, François Corneloup, Beñat Achiary, Marcel
Trillat, Didier Petit, André Minvielle, Vanina Michel, Charles Silvestre,
René Martinez, Marc Perrone, Isabelle Loubère, Michel Ducom, Martine
Amanieu, Denis Cacheux, Ramon Lopez, Philippe Laval, François Rossé,
Juliette Kapla, Lucie Fouquet, les lauréats du Conservatoire national de
musique et danse de Paris (département jazz et musique improvisées,
promotion 2007 : Pierre-Antoine Badaroux, Antonin Gerbal, Clément Janinet,
Pierre Borel, Alexis Pivot), Raphaëlle Camus, Anne-Marie Kolli, Martin
Lartigue, Gilles Defacque, Patrick Rebeaud, Alain Delmas, Xavier Baert,
Jacky Liégeois, Marie-Odile Chantran, Yoann Scheidt, Antoine Chao, Frank
Guillaumet, Julien Gourbeix, Pierre Labrot, Fabrice Vieira, Fawzi Berger,
Nathalie-Dalilà Boitaud, Clémence Massart, Marc-Alexis Morelle, Michel
Mompontet, Mixel Etxecopar, Louis Lubat, Thomas Boudé, Yves Béal, Bernard
Lubat…

Uzeste Musical visages villages des arts à l’œuvre
4 rue Faza - 33730 Uzest
téléphone : 05 56 25 38 46
télécopie : 05 56 25 36 12
uzeste.musical@uzeste.org

tarifs : 40 euros (souscription solidaire), 20/5 euros (journée)


Communiqué (20 juillet 2007) :

  • ** FRANCE 2 - TERRASSE DES FESTIVALS
    Ce soir, vendredi 20 juillet, Philippe Lefait reçoit Bernard Lubat.
  • ** L’HUMANITÉ - LUNDI 23 JUILLET 2007
    Le journal consacre un dossier au 30e anniversaire d’UZESTE MUSICAL.

Communiqué (18 juillet 2007) :

Nos adresses internet en .com sont momentanément inaccessibles et
transférées en .org, soit :

Compagnie Lubat / Uzeste Musical, visage village des arts à l’œuvre :
http://www.uzeste.org
cie.lubat@uzeste.org
uzeste.musical@uzeste.org


30e HESTEJADA DE LAS ARTS D’UZESTE MUSICAL
du 16 au 19 août 2007
à SAINT-SYMPHORIEN (Gironde) et à SORE (Landes)

Les œuvriers créateurs artistes techniciens du spectacle de la Compagnie
Lubat pré-occupent le terrain et l’ouvrent aux solidarités désirantes :
musique, pyrotechnie, conte, chanson, chorégraphie, cinéma, philosophie,
comédie, arts plastiques, droit international, poésie, littérature,
sciences, médias, enseignement, édition, politique…


Communiqué (14 juillet 2007) :

30e HESTEJADA DE LAS ARTS D’UZESTE MUSICAL
30e DRÔLE D’ÉTÉ DE LA COMPAGNIE LUBAT

« L’Hestejada dé las arts » karcherisée, malpolitisée, diabolisée, diffamée,
stigmatisée, accusée, blessée, humiliée…
Mais… « L’Hestejada dé las arts » enjazzée, éclairée, cultivée, amusiquée,
délibérée…

Le DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE publie un communiqué de presse : "Les
responsables de la Compagnie [Lubat] se sont appliqués à réfuter, contester
la politique départementale tout en maintenant leurs exigences financières"
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Communiqué (8 juillet 2007) :

30e HESTEJADA DE LAS ARTS D’UZESTE MUSICAL
30e DRÔLE D’ÉTÉ DE LA COMPAGNIE LUBAT

V’là l’climat…
Dégagée d’Uzeste communal en son municipal, dénoncée de la communauté de communes du canton en sa présidence, inacceptabilisée du cantonal en sa
conseillère générale, abrégée du conseil général de la Gironde en ses
services culturels élus, nommés…

L’Uzestivale « Hestejada dé las arts » karcherisée, malpolitisée, diabolisée, diffamée, stigmatisée, accusée, blessée, humiliée…
Mais… L’Uzestivale « Hestejada dé las arts » enjazzée, éclairée, cultivée,
amusiquée, délibérée…

du 16 au 19 août 2007
à SAINT-SYMPHORIEN (Gironde) et à SORE (Landes)

Les œuvriers créateurs artistes techniciens du spectacle de la Compagnie
Lubat pré-occupent le terrain et l’ouvrent aux solidarités désirantes :
musique, pyrotechnie, conte, chanson, chorégraphie, cinéma, philosophie,
comédie, arts plastiques, droit international, poésie, littérature,
sciences, médias, enseignement, édition, politique…


Communiqué (1er juillet 2007) :

UZESTE(S)

Par sa musique et ses mots, par ceux qui l’entourent joyeusement, amoureusement, dans la confrontation et l’assemblage des savoirs et des talents, Lubat porte une mémoire collective d’un monde réinventé et
chancelant de bonheur, toujours prêt à la page blanche. Ce n’est pas une « bande » et quelques amis qui souffrent aujourd’hui. C’est l’universel qu’on néglige. C’est Rimbaud qu’on assassine. C’est le matériel et
l’immatériel noués dans la plus belle des relations qu’on renie aveuglément. Du coup, c’est un peu chacun d’entre nous qu’on veut faire taire, sommés de rentrer dans le rang. Mais nous ne nous tairons pas, Messieurs ! Et nos têtes dépasseront toujours des files d’attentes pour aller traquer en des contrées inavouables un peu d’imaginaire et beaucoup de légendaire, sans lesquels la vie n’a plus beaucoup de sens. On ne raye pas d’une subvention manquante trente ans de fondation, de créations, de diffusions, d’ateliers publics, de débats citoyens « poïélitiques », de hauts et de bas et de transformations d’êtres humains. Alors nous serons à Uzeste au mois d’août. Parce que nos rêves et nos cauchemars sont plus beaux que leurs comptes d’apothicaires. Parce que, après Uzeste, on s’en sort toujours moins mal…


Communiqué (28 juin) :

« CERNEZ-VOUS, VOUS ÊTES RENDUS »
À Uzeste, c’est bien connu : on jette l’argent - public - par les fenêtres et le public qui va avec puisque Céline Dion n’est jamais à l’affiche. Les élus ont raison : ce n’est pas aux artistes de réfléchir à la programmation
d’un festival. Ils font n’importe quoi, invitent de drôles de gars pas très fréquentables : Portal, Auzier, Minvielle, Archie Shepp, Sclavis, Corneloup. Ils se permettent même de réfléchir sur l’art, la création, l’état du
monde… Pardon pour cette parenthèse mais la 30e Hestejada d’Uzeste risque de ne pas avoir lieu. « Cernez-vous, vous êtes rendus », selon cette maxime « lubatienne » plus que jamais à propos.

Lire l’article de Marie-José Sirach paru dans L’Humanité du 26 juin

Lire les éléments du débat
Avec les contributions de :

BERNARD LUBAT (citoyen artiste enjazzé, Uzeste),
JEAN-MICHEL LUCAS (docteur d’Etat ès sciences économiques et maître de
conférences à l’université Rennes),
PASCAL CONVERT (plasticien, vidéaste, Biarritz),
ANDRE MINVIELLE (musicien, Toulouse),
JACKY LIEGEOIS (peintre, professeur d’arts plastiques, Le Mans),
CLAUDE GUDIN (biologiste, professeur à l’école Centrale, poète - Aix en Provence),
MICHEL MOMPONTET (grand reporter France 2, Paris),
FRANCIS MARMANDE (journal Le Monde),
CHANTAL BORDES (professeur de musique, Uzeste),
RENÉ MARTINEZ (conteur, Anglet),
PHILIPPE LACCARRIÈRE (musicien, directeur de festival, Boissy-le Cutté),
LIONEL LEFORT (directeur des affaires culturelles, Chalette-sur-Loing),
PASCAL FAVIER (conseiller parlementaire, Lille)…

Participez au débat et ici


Communiqué : (23 juin 2007)

Confirmant les propos tenus par Jean Péringuey, président de la Communauté de communes de Villandraut, qui affirmait en début d’année, « Il y a longtemps que j’avais averti Bernard Lubat. Son festival décline… les
subventions aussi », le président du conseil général de la Gironde devrait proposer au vote de l’assemblée départementale d’octobre prochain une subvention à Uzeste Musical réduite de 50% (passant de 70 000 euros en 2006, à 35 000 euros cette année).

Dans ces conditions et n’ayant reçu aucune confirmation écrite du soutien des autres partenaires publics (Conseil régional d’Aquitaine, DRAC Aquitaine), le conseil d’administration de l’association Uzeste Musical a
proposé à Bernard Lubat, directeur artistique, de renoncer au contenu initial de la « 30e Hestejada de las arts » et au lieu préalablement choisi (château de Roquetaillade), tout en lui demandant de réfléchir une
conceptualisation adaptée à la situation nouvelle.


Communiqué : (20 février 2007)

« Le festival d’Uzeste devrait fêter son trentième anniversaire cette année et malgré l’acharnement de certains, tel sera le cas. Quoiqu’en disent ses détracteurs la pérennité d’Uzeste fait signe vers le sérieux de
l’entreprise. […]

Les politiques, pris au piège de la société du spectacle, confondent citoyen, électeur et consommateur. Leur grande erreur est d’évacuer une notion centrale de la République, le Peuple. "C’est le peuple qui compose le
genre humain ; ce qui n’est pas le peuple est si peu de chose, que ce n’est pas la peine de le compter." (Jean-Jacques Rousseau).

On a longtemps voulu rabattre Uzeste sur la question du « populaire », du « communautarisme populaire » même. Qu’est-ce que le Peuple ? Comment se constitue-t-il ? Comment (se) travaille-t-il, (se) parle-t-il ? Voilà ce qui
travaille Uzeste. Et la question du peuple ne se pose ni en terme de jauge, ni en terme de rentabilité mais en terme de liberté, liberté construite sur une mémoire matérielle et immatérielle. L’échec d’Uzeste, si échec il y a,
est l’échec de politiques successives qui n’ont pas su affronter cette question par peur des fées, des dragons, des sorcières, des revenants et autres fantômes, qui peuplent le Mardi Gras Uzestois, par peur de cette part
psychique inaliénable qui différencie le Peuple des consommateurs. »

  • Pascal Convert

QUEL AVENIR POUR LE FESTIVAL D’UZESTE MUSICAL ?

Remis en cause par le département de la Gironde, le projet Compagnie Lubat / Uzeste Musical sera l’objet du prochain « Atelier arts, cultures & société d’Espaces Marx », le Lundi 21 mai à 18h30 au Garage Moderne (1, rue des Etrangers, Bordeaux Bacalan).

Uzeste Musical, visage village des arts à l’œuvre
4 rue Faza - 33730 Uzeste
téléphone : 05 56 25 38 46
télécopie : 05 56 25 36 12
e-mail : uzeste.musical@uzeste.org

[1Le festival Uzeste musical aura bien lieu du 16 au 19 août. Mais pas à Uzeste, ce petit village de Gironde serti dans une forêt de pins. Et dans des conditions financières improbables. « Ça ne changera pas beaucoup », grince l’administrateur du festival et de la Compagnie Lubat, Alain Chiaradia. En une phrase, il résume les péripéties de ce festival de jazz et de musiques improvisées, depuis sa création en 1978, par Bernard Lubat, enfant du pays, pianiste, batteur, chanteur…

La 30e édition s’ouvrira à Saint-Symphorien (Gironde) et se poursuivra dans le département voisin des Landes, à Sore. Une façon pour Lubat de signifier sa mauvaise humeur au conseil général de Gironde, à majorité socialiste, lequel a décidé de diminuer sa subvention de 70 000 euros à 35 000 euros. Cette baisse de 50 % devrait être confirmée au mois d’octobre. Pour pallier les difficultés de trésorerie, la Compagnie Lubat met en vente la « menuiserie », une bâtisse qui lui sert, entre autres, de lieu de répétition.

Les socialistes qui détiennent le pouvoir à tous les échelons, de la commune d’Uzeste à la région Aquitaine, sont mal à l’aise. L’adjointe à la culture du conseil général, Martine Faure (PS), élue députée au mois de juin, n’a pas souhaité s’exprimer. Comment expliquer en effet que ce festival qui attire des grands noms du jazz (Michel Portal, André Minvielle, François Corneloup…) et mène une action culturelle tout au long de l’année, soit boudé par les élus locaux ?

Dans un communiqué, le 13 juillet, le conseil général déplore l’« attitude » des responsables du festival, qui « se sont appliqués à réfuter, contester la politique départementale tout en maintenant leurs exigences financières ». Décryptage d’un responsable du département : « On en prend plein la poire depuis des années. On ne peut pas travailler dans le conflit permanent. »

DES BÂTONS DANS LES ROUES

Lubat l’insoumis le reconnaît : « Je suis pas gentil avec les camarades ! » Plus sérieusement, il ajoute : « J’ai rarement vu autant d’acharnement à saboter un projet. » Les récentes déclarations du président de la communauté de communes de Villandraut, Jean Péringuey (PS), figurent en bonne place sur le site du festival : « Il y a longtemps que j’avais averti Bernard Lubat : son festival décline… et les subventions aussi. Et surtout que restera-t-il après lui ? Uzeste musical en entrées payantes est très loin derrière nos plus proches voisins, Nuits atypiques de Langon ou Musique à la rue de Luxey. » Et d’ajouter : « En dehors du petit cercle, les lettres que nous recevons, c’est : vous donnez trop à Lubat. » Ces propos, qui traduisent une volonté de « retour sur investissement », ont été considérés par les membres de la Compagnie comme dignes de la « droite libérale ». L’Etat est le premier financeur (96 600 euros) tandis que la région est montée en puissance à l’occasion du 30e anniversaire (52 500 euros). Au total, les subventions s’élevaient à 201 600 euros en 2006.

Lubat est aussi brouillé avec la maire d’Uzeste, Jeanne-Marie Baup (PS). Non pas parce qu’elle l’a battu aux élections municipales de 2001. Mais l’édile « sécuritaire » lui « met des bâtons dans les roues », dit-il. L’artiste n’a jamais manqué une occasion de railler « les 153 euros » versés par la commune (jusqu’en 2003), alors que Mme Baup reconnaît soutenir « le festival de cornemuse pour un peu moins de 1 000 euros ». C’est le choc de deux cultures, l’une rurale et l’autre contemporaine, voire expérimentale.

Ces querelles ne sont pas nouvelles. En 2000, Uzeste musical s’était mis en grève pour réagir à une baisse de subvention du conseil général. Fidèle du festival, le saxophoniste François Corneloup résume la situation : « Uzeste est une projection de la pensée artistique de Lubat. C’est à la fois la force du festival et sa fragilité. Les politiques l’attaquent en disant qu’il représente un cas particulier et ne défend pas l’intérêt général. Mais Picasso était un cas particulier, de même que Boulez ou Baudelaire. » Lubat le promet, le festival 2007 sera « manifestif ». Encore une fois.
© Clarisse Fabre

Article paru dans l’édition du 19.07.07