Chronique

Florent Hortal & Joël Trolonge

Django autrement

Florent Hortal (g), Joël Trolonge (cb).

Label / Distribution : Auto Productions

Ce sont deux musiciens très discrets que Joël Trolonge et Florent Hortal. On les a vus, l’un avec Isabelle Cirla, l’autre dans le Big Band Initiative H. Guère plus, même si - bien évidemment - ils émargent ailleurs. En tout cas, c’est dans le quartet de David Haudrechy qu’ils se sont rencontrés et que ce projet est né.

Au premier abord, on pourrait se dire que c’est un énième album autour de la musique de Django. La figure emblématique du jazz manouche est en effet reprise et rejouée par pléthore de groupes. Sauf qu’en l’occurrence, ce n’est pas ça : l’album porte fort bien son titre. Il s’agit de faire du Django autrement. Ou, mieux encore, de revisiter la musique de Django Reinhardt autrement. Et c’est précisément ce que ces deux duettistes proposent ici. D’abord il n’y a pas de guitare qui pompe, donnant ainsi au projet une esthétique nouvelle ; ensuite, Florent Hortal ne s’est pas équipé d’une guitare acoustique : il a gardé sa fidèle Telecaster. Enfin, les chorus que l’un et l’autre prennent ne constituent pas des courses effrénées. L’album est très doux et ce sont les ballades qui se donnent à écouter de manière quasiment exclusive – seul « Swing Guitar » déroge à cette règle. Aussi, quand ces deux musiciens proposent de faire du « Django autrement », respectent-ils à la lettre le programme qu’ils annoncent.

On y retrouve de grands tubes, à commencer par « Nuages », « Manoir de mes rêves » ou encore « Minor Swing ». Or, là où Joël Trolonge et Florent Hortal font fort, c’est qu’ils s’adressent à un public qui n’est pas nécessairement porté sur le jazz manouche. On sait combien ce genre musical peut être exclusif – des festivals y sont d’ailleurs dédiés – et on aurait vite fait de se fondre dans la doxa manouche. Ce que font beaucoup de groupes, la plupart avec brio, soit dit en passant. Or le duo toulousain, très humblement, brise ces frontières et c’est loin d’être anodin. S’il faut profiter entièrement de ce Django autrement – car son écoute est fort agréable – c’est aussi ce parti pris esthétique qu’il faut avoir à l’oreille.