Chronique

Fred Hersch, Charlie Haden, Joey Baron

Sarabande

Fred Hersch (p) ; Charlie Haden (b) ; Joey Baron (dm)

Label / Distribution : SunnySide Records

Enregistré à la fin de l’année 1986, Sarabande fait partie des tout premiers enregistrements du maintenant quasi institutionnel pianiste Fred Hersch.
Réédité à la triste occasion du décès récent de Charlie Haden – et auquel il est maintenant dédicacé – ce disque doit son existence à la faveur d’un heureux hasard provoqué. Dans un studio du Soho new-yorkais, Fred Hersch, alors en compagnie de Marc Johnson et Joey Baron, apprend que Charlie Haden est en ville et parvient à lui faire savoir qu’une de ses compositions, « Child’s Song », lui est dédiée.
De là, la parfois déroutante simplicité des événements donne à voir un pianiste débutant avec son jeune batteur – Masada n’ayant pas encore apporté à Joey Baron sa notoriété actuelle – enregistrer en studio avec l’une de ses idoles à la contrebasse.

Voilà pour la belle anecdote ; penchons-nous à présent sur les tendres beautés qui se nichent dans ce disque ayant pris le parti d’un format des plus classiques, format dans lesquels les plus grandes merveilles se sont dessinées et qui n’est pas un corset contraignant et dommageable mais un exercice qui révèle, encore aujourd’hui, les talents les plus singuliers.
En somme, moins un cliché qu’une forme canonique ou un exercice de style.

Malgré la disparité des expériences à l’époque des faits, le disque frappe par son bel et délicat équilibre, sa parfaite appréhension de la place que chacun se laisse. Sans que jamais l’on ne tombe ni dans l’exhibition ni dans le sacrifice. L’alternance de classiques relus et de compositions du pianiste (dont le magnifique morceau titre), est parfaite pour maintenir l’attention de l’auditeur dans les conditions du direct. Et, note malicieuse dans le bel ordonnancement général, au « Child’s Song » précédemment cité répond, en forme de clin d’œil, « L’enfant », un thème d’Ornette Coleman, le complice de Haden.