Fred Pallem & le Sacre du Tympan
Racontent les fables de La Fontaine
Label / Distribution : Train Fantôme
Pour ceux qui ont connu les mange-disques [1], le nouveau disque de Fred Pallem et de son Sacre du tympan rappellera quelques souvenirs. Renouant avec les invités, ainsi qu’il l’avait fait sur La Grande Ouverture, le bassiste fouille avec un certain plaisir les fables de La Fontaine : pas mal de gens de France Inter (remarquable Nicole Ferroni sur « Les Animaux malades de la peste », Rebecca Manzoni sur « Le Loup et le chien » et des habitués (Marcel Kanche, Barbara Carlotti, Sandra Nkake).
Le sacre du Tympan est polymorphe, on le sait, il a ici beaucoup changé. La basse de Pallem, lourde, puissante, franchement alcaline, est très en avant ; derrière, un grand orchestre de cordes vient donner à l’ensemble une atmosphère brûlante, voire suffocante et très charnelle, à l’instar de « Aimons, Foutons » susurré par Thomas de Pourquery. Bien sûr, Pallem s’entoure aussi de fidèles, comme Vincent Taeger à la batterie, qui règle le climat avec une certaine autorité. On sait que Fred Pallem est un dingue de musiques de films, et toutes les fables du vieux La Fontaine sont magnifiquement scénarisées, avec un luxe de détails. Déjà, dans L’Odyssée, on pouvait ressentir une certaine révérence à Vannier et aux deux sorciers de L’Homme à tête de chou de Gainsbourg : Alan Hawkshaw et surtout le bassiste Brian Odgers. Elle s’épanche ici avec étourdissement.
Avec Fred Pallem & le Sacre du Tympan racontent les fables de La Fontaine, le bassiste réalise un vrai disque de producteur, pesé, millimétré, cohérent. La question reste de savoir si l’on n’aimerait pas renouer avec davantage de folie. Haro sur le baudet : on pourra rétorquer que les voix des conteurs, très travaillées, sont souvent très drôles (L’Oiseau Bleu sur « Le Loup et l’agneau ») ou belles (Élise Caron sur « L’Avare qui avait perdu son trésor »). On prendra du plaisir, dès lors, avec ce nouveau petit délice sucré, rendez-vous régulier avec le Sacre.