Chronique

Gabriel Zufferey

Contemplation

Label / Distribution : Bee Jazz

Troisième album pour ce jeune pianiste, et première proposition de solo.
L’exercice est périlleux autant qu’imposé. Zufferey propose 18 thèmes dont 5 de sa composition - les autres étant puisés dans le répertoire de grands noms du jazz, dont on se doute qu’ils sont ses références : Coltrane, Monk, Corea, Tyner, Ellington, etc.

Zufferey est un pianiste délicat, fluide et mélodique. Sans perdre le swing, il sait aller en douceur, en profondeur dans l’esthétique romantique. C’est d’ailleurs cette dominante qui lie l’ensemble des plages et fait de ce disque un agréable voyage contemplatif.

On entend pourtant derrière cette façade un peu lisse de premier de la classe (le pianiste est apparu sur la scène auréolé du statut de « jeune prodige », très tôt récompensé) des défauts touchants mais fréquents figurant au catalogue des possibles stylistiques et techniques. Beaucoup de pédale, d’écho, beaucoup de nappes sonores qui pourraient évoquer un climat de méditation, mais qui floutent le discours, ainsi qu’un son de piano trop métallique nivellent l’audition par le bas. Les accents sont attendus, les arrangements encore trop évidents, et récurrentes les démonstrations de savoir-faire d’où la musique est un peu absente.

Ces défauts, s’ils sont exposés ici un peu brutalement, n’enlèvent rien au talent du musicien, mais montrent bien la difficulté de l’exercice. Un solo de piano est un discours, une œuvre, une confession. Il faut avoir quelque chose à dire, une chose que l’artiste ne ressent l’impérieuse nécessité d’exprimer qu’au travers de l’expérience et du caractère.

Prometteur, certes ; nécessaire, pas forcément. Ce troisième album est à archiver dans la case « À suivre »…