Gaël Horellou

Autant l’avouer, pourquoi le cacher : je ne raffole pas et même n’adhère pas du tout aux précédentes productions du saxophoniste, le collectif MU, l’électrojazz, les expériences drum’n’bass, les groupes NHX ou Cosmic Connexion. Alors que beaucoup de musiciens semblent se tourner ou retourner vers des racines réelles ou fantasmées (effets de mode ou air du temps ?) avec plus ou moins de bonheur, (plus : Pierrick Pedron - Omry, moins : Tigran Hamasyan - Red Hail), Gaël Horellou renoue avec bonheur à une forme qui lui sied à merveille : un jazz post-moderne fortement teinté de be-bop (l’hommage à Jackie McLean, « Melody for Melonae »), le recours aux standards magnifiés (« I Remember You » et « I Fall In Love Too Easily »), une fougue, une intensité, un investissement et une vigueur communicatives notamment avec Ari Hoenig, batteur renversant qu’il avait fréquenté lors de séjour à New York, tout ceci rendu visible grâce à la vidéo contenue dans le CD2.

On remarquera notamment l’éloquence virtuose sur un tempo d’enfer (« Speed Abstract ») soutenu par un Jean-Sébastien Simonoviev impérial dans son accompagnement, thème ébouriffant aussitôt suivi par l’apaisement d’une « river » qui déroule lentement son cours. Le public avait l’air heureux et le manifestait ; à l’écoute du disque, nous le sommes aussi. Seule remarque (interrogative) : le souhait, chez Gaël Horellou, de participer à l’émergence d’une conscience planétaire par ce disque (Ce monde, à nous de le préserver et d’en respecter l’équilibre) ; vœu ô combien respectable, mais… si même un génie comme John Coltrane n’a rien pu changer par sa musique, pourtant chargée de de spiritualité…

« Celui qui vient au monde pour ne rien changer ni ne rien troubler ne mérite ni estime ni patience. » (René Char)

CD 1 : 1/ I Remember You. 2/ Speed Abstract. 3/ The River. 4/ Melody for Melonae. 5/ Explorations Jazz Step.

CD 2 : 1/ Funky ruffel. 2/ Pour la terre. 3/ I Fall In Love Too Easily. 4/ UPFC (Unlimited Power From Cosmos). 5/ Pour la terre.

+ vidéo : UPFC
Enregistré live au Sunside (Paris) ou en huis-clos les 20 & 21 mai 2008