Scènes

Grenoble 2002

Retour sur le Grenoble Jazz Festival qui a eu lieu du 8 au 24 mars 2002.


Retour sur le Grenoble Jazz Festival qui a eu lieu du 8 au 24 mars 2002.

30 ans. Le bel âge. Du trio Alan Silva / Frank Wright / Bobby Few à Paolo Fresu
et François Raulin en passant par notamment Art Blakey, Brotherhood of Breath,
Willem Breuker, Max Roach, Fred Van Hove et Han Bennink, le Grenoble Jazz Festival,
créé par Nicole Raulin Martin, partie vers d’autres aventures, et Jacques Panisset,
toujours à la barre, aura accueilli la plupart (ou presque) de celles et ceux
qui, depuis 1972, ont participé de l’histoire du jazz européen et américain.
Une histoire dont une grande partie de l’équipe et du public actuels, trop jeune
pour en avoir connu le début, est en quelque sorte le garant de sa continuité.
Un dynamisme que les années passées n’ont point émoussé comme l’atteste la part
laissée, au sein de la programmation, aux « chemins de traverse ». Signe
des temps, une « ouverture » témoignant des influences grandissantes
du jazz sur les musiques traditionnelles et vice versa. D’ou de nouvelles sonorités
dont la recherche d’un folklore imaginaire constituait, durant les années 80,
le manifeste avant l’heure. Un courant dans lequel se situe Isabelle Pignol,
membre du collectif « Mustradem », dont les timbres parfois atypiques
ou sons saturés qu’elle extrait de sa vielle aux cordes frappées confèrent à
son interprétation de thèmes ethniques une connotation contemporaine. Même type
de démarche avec « Zakarya », quartette strabourgeois qui, créée
en 1999, vient de sortir son premier disque chez « Tzadik », label fondé
par John Zorn. Une musique à la croisée du rock, de la musique yiddish et, sur
fond d’accordéon, de la polka. Depuis la chute du Mur en 1989, le festival invite
régulièrement des artistes qui, venus des pays de l’Est, sont souvent méconnus
du moins en Occident. Parmi ceux là, le guitariste accoustique russe Ivan
Smirnov
dont le jeu, aussi énergique et virtuose qu’est riche en couleurs
celui de son compatriote et partenaire Valeri Fiodorov (p), évoque par
moment John Mac Laughlin. Loin d’être une simple réunion de solistes, le trio
« PAF », constitue une véritable entité au sein de laquelle Paolo
Fresu (tp) et ses complices de longue date, le pianiste Antonello Salis, au
propos aussi percutant que lumineux, et le contrebassiste Furio Di Castri, aux
accents sensuels, se répondent les uns les autres au profit d’une musique concue
comme une histoire ou concept mêlant timbres accoustiques et électroniques en
une pâte sonore d’une rare cohésion. Avec Henri Texier (b), entouré de
Sébastien Texier (as, cl) et Tony Rabeson (dm), pas de surprise. Un lyrisme,
une respiration qui, d’emblée, sucitent l’enthousiame d’une salle d’emblée acquise
à la cause. 

par // Publié le 17 juin 2002