Chronique

Griffure

Paratonnerre

Léonore Grollemund : (cello, voc, comp), Amaryllis Billet (vln, voc, comp), Undae (elec), Chloé Julian (vln, voc), Alix Gauthier (vla, voc), Léa Yèche (b, voc).

Label / Distribution : Umlaut Records

Le duo Griffure n’est pas nouveau. Créé par et composé de Léonore Grollemund (quintet Bumbac, Moger orchestra, Wassim Halal) et Amaryllis Billet (Quatuor Umlaut, Joris Rühl, Christophe Girard, l’Ensemble Op. Cit., Fenêtre Ovale, Wassim Halal), le tandem s’est enrichi sur son chemin de nouvelles passagères. C’est donc un sextet qui propose ce premier album, sorte d’instantané de compositions en perpétuel mouvement, où se mêlent aux deux voix et cordes de Griffure celles de Chloé Julian, d’Alix Gauthier, et de Léa Yèche ainsi que les sonorités électroniques de Undae.

La musique naît de chansons, mises en mouvement par des volutes de cordes vocales et frottées, qui ainsi grandissent, inspirées de musiques contemporaines, traditionnelles et orientales. Le trait d’union entre ces influences semble réalisé à main levée, d’un geste assuré. Se créé alors un ensemble puissant, qui relève de l’intime et parle un langage universel, pas seulement celui de la musique - d’ailleurs la musique est-elle seulement un langage ? - mais plutôt celui d’un inconscient collectif. Car une des forces de cette musique est d’être totalement inédite et familière à la fois, comme le sont les rêves. Le tout est marqué d’une empreinte sonore électro qui se fond dans la physiologie de Griffure. Undae ne vient pas ajouter un habillage électro, elle donne aux cordes un écho, une résonance, un accent à leur vocabulaire. Et à leur tour, les sons programmés ne ressortent pas exempts d’une teinte organique par leur exposition prolongée au vivant.

Partir de fables musicales et assister à leur déploiement au gré des mélodies et des modelages sonores, est ici un enchantement. Ainsi, du « Prologue » à « La liberté », l’ensemble s’écoule, prend sa forme, au fil de l’eau, délivrant une œuvre à rebondissements, et bouleversante à bien des égards. La vocation du paratonnerre n’est-elle pas de capturer les coups de foudre ? En cela, le Paratonnerre de Griffure rempli parfaitement son rôle.

par Raphaël Benoit // Publié le 8 juillet 2024
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