Chronique

Guillaume Belhomme

Jackie McLean

Il est des livres brefs (117 pages petit format), qui ne vous ruinent pas (11€), écrits de façon concise et précise, dans un style nervuré laissant entrevoir des fulgurances, des livres qui, d’une part, vous donnent une furieuse envie d’écouter (ou de voir, lire, goûter, regarder) ce dont ils traitent, et d’autre part vous en apprennent autant que de longs traités : celui de Guillaume Belhomme sur Jackie McLean est de ceux-là. D’une certaine façon, ma chronique a voulu ressembler à son objet : donc tout est dit.

Mais on va quand même déplier un peu les choses. Procédant par vignettes qui ne dépassent pas deux pages et un peu plus, qui ne sont pas vraiment des chapitres tout en se succédant selon une stricte chronologie, l’auteur de ce Jackie McLean déroule une sorte de bio-discographie du saxophoniste alto décédé en 2006, centrée sur l’essentiel, c’est-à-dire la musique, et qui constitue pour qui veut bien lire avec attention un guide d’écoute précieux. Car la passion qu’il porte au héros de The Connection (la pièce, le film, la musique de Freddie Redd) est constamment sensible ; elle sourd à travers ses mots, ses phrases courtes mais qui touchent, elle emporte donc l’adhésion, et elle vous fait immédiatement courir vers votre discothèque, où vous avez le plaisir de retrouver le coffret Mosaic consacré aux disques Blue Note de la période 64-66, et la rage de constater qu’il vous manque encore ceci ou cela… Et là, ça peut coûter cher.

Un livre (éd. Lenka Lente) dont l’économie serait parfaite, si elle ne risquait vous entraîner à la dépense. Lecteurs, vous êtes prévenus.