Hamamura/Perraud/Scherr

Edward Perraud nous revient avec un trio des plus classiques, en compagnie du contrebassiste Peter Scherr et de la pianiste et chanteuse Masako Hamamura.

Mais ce classicisme engendre une musique singulière, une espèce de longue balade dans un monde étrange où le silence tient une pièce essentielle. Car ici la musique s’appuie sur le non-dit, l’écoute mutuelle et la simplicité formelle, au service d’une déambulation portée par le piano cristallin de Hamamura et la contrebasse centrale de Scherr.

Ce voyage onirique et nocturne se pare d’une beauté simple et sensible, aux sonorités enrichies tantôt par la voix, tantôt par des échappées d’une boîte à musique. Que ce soit sur « Kind Mind », « Long Ballad Part 1 » ou « Long Ballad Part 2 », la musique est éthérée, légère, translucide. L’esthétique jazz est plus marquée sur « Improvisation #1 », pour lequel Perraud fait montre d’une impressionnante science de la couleur percussive. Ailleurs (« Improvisation #2 », ballade qui s’excite, bruisse de toutes parts, chaque instrument devenant percussion), elle tient de l’effleurement. Enfin, on tombe sous le charme d’« Imachizuki Hitotsu », une chanson plus jazzy. L’ensemble mérite d’être écouté et dégusté en solitaire. On en ressort ensorcelé et apaisé, bercé par la simplicité à nu de la musique, comme si l’on faisait un rêve éveillé, allongé dans une nature à la fois surprenante et maternelle.